
le sentier que Fou prend le plus communément, quoiqu’il soit
le. plus escarpé, sur-tout vers le sommet de la-montagne , ou
i l . s’étrécit aussi. Il se trouve ' extraordinairement resserré des
deux côtés , par des. espèces de murailles taillées à pic; La base
de cette montagne où la ville est située , fait un tiers de sa
liauteur ; elle s’élève insensiblement par une pente et des collines
couvertes de buissons , qui deviennent ensuite bien plus
escarpées , et Sont jonchées de grosses pierres détachées du sommet
de la montagne ; enfin on arrive à l’ouverture dont j’ai déjà
parlé, elle a cinquante ou soixante pieds de largeur dans le
bas ,' et six ou sept seulement dans le haut, où des pierres énormes
forment une espèce de voûte et la ferment. Au-dessus je
vis des mottes de sable plus ou moins grosses, qu i, en tombant,
se hrisoient et se pulvérisoient.
La montagne de la Table , celles du Lion, du Diable et lés
autres , sont disposéespar couche (1), comme celles d’Europe. La
couche supérieure est horisontale, mais les inférieures-sont obliques.
La première paroît composée d’une espèce de grès, ou cendre
volcanique; elle sépare alternativement les autres couches
‘ jusqu’à la dernière qui est d’ardoise.
Au-dessus dé la montagne de la Table , on trouve des pierres
détachées, et d’autres^corps solides couchés et creusés dessus,
dessous et dans les côtés; ces cavités, quelquefois assez considérables
, sont formées non-seulement par-l’eau qui séjourne sur
ces corps, mais encore par l’air qui's’insinue par les pores et ronge
sans cesse. Les grandes pierres éparses sur les coteaux , au bas de
la montagne , païoissent y séjourner depuis bien long-teins ; elles
ont des trôus_plus ou moins grands qui semblent avoir été creusés
avec un instrument quelconque. On voit dans leur intérieur
comme, sur leur surface-, des morceaux de quartz qui ne s’y sont
pourtant pas formés , quoiqu’ils s’y trouvent enfermés , parce 1
(1) S t r a tu m .
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qu’ils ne sont pas adhérens à la pierre qui. est passablement dure,
et qui a une-’surface unie et polie.
L'es pierres qui constituent les couches inférieures de ces montagnes
sont tendres , et d’une couleur brune et pâle , tirant sur
celle de la cendre; elles se coupent aisément ; l’air et l’eau les rongent.
Des lamelles de la largeur de la main , forment une espèce
décrété de coq’sur lés côtés. Ces couches d’ardoise inférieure
constituent quelquefois la moitié de la hauteur de la montagne ,
et sont recouvertes jusqu’au sommet d’une terre végétale:.qui
produit de l’herhe : ces couches dirigées du nord au midi , ne
sont pas tout-a-fait horisontales , mais inclinées vers l’occideiit,
et élevées à l’orient, avec des lamelles creusées et aiguës qui se
prolongent sous l’eau , comme le prouvent les rochers qui's’avancent
dans la mer.
Je passais toutes les journées du mois de mars sur le sommet
de la montagne de la Table, où je jouissois vers le ;soir de la
perspective la plus’ singulière et la plus étonnante qu’on puisse
imaginer.
Cette montagne prend , comme toutes les autres , sa dire ctiori
du nord-ouest au sud-est ; elle offre conséquemment un flanc
très-prolongé au nord-est et un autre au sud-ouest; le 'soleil en
se levant ne dirige pas sa course vers- le midi comme en Europe
, mais vers Te nord, de manière qu’il semble se plonger
dans l’Océan à l’ouest de la montagne ; ce qui procure sur cette
montagne des matinées et des - soirées; plus longues que dans
tout le .reste du pays ; cet astre lançant au-devant de lui une
lueur considérable du côté du nord-est, et en laissant une après
son coucher dans la région sud-est de l’horison. .-
Juché sur la cime de la montagne, je contemplois, pour ainsi
dire, deux mondes-différens. Un soleil brillant éclairoit encore
l’.horison du monde occidental, tandis que l’ oriental étoit plongé
dans les ténèbres et environné des brouillards qui ’s’élevoient
des campagnes brûlantes , et se rassembloient dans l’atmosphère
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