
8a 1772. S É J O U R A U C A P .
leur est pas permis de retourner dans leur patrie ; mais ceux
que les officiers favorisent, ont bien plutôt leur congé ; certains
même retournent sur le navire qui les' a amenés. Un soldat peut
se faire matelot.
Quand un soldât a fini son tems , il est libre de s’en retourner
dans sa patrie, ou de contracter un nouvel engagement de trois
années ; alors il reçoit deux florins d’augmentation par mois. A
l’expiration de ce second engagement, s’il veut en contracter
encore un autre de deux ans, il a une autre augmentation de
deux florins , ce qui forme le maximum de la paie d’un soldat,
car il ne peut aller au-delà , a moins qu’il n obtienne un grade.
Le simple soldat peut devenir caporal, sergent, et même officier ;
il peut être assistant dans quelque comptoir, ou chirurgien,
quand il a fait ses cours en Europe.
Au reste , un soldat a plusieurs moyens de se débarrasser de
son mousquet, et même du service. Le plus commun e s t, comme
on dit ic i, d’aller en pass, c’est-à-dire , d’avoir un congé ; alors
on est affranchi de tout service , et on se soutient en exerçant
la profession que l’on a apprise. Ce congé ne coûte que quatre
rixdalles par mois, et un schellingà l’adjudant de la compagnie ;
et l’on touche -en même tems la paie de chaque mois. Pendant
mon séjour au Cap , il y avoit cent cinquante soldats en pass; le
produit de leur congé se partage entre ceux qui font le service
de la garnison, et se nomme argent de service. Un soldat reçoit
huit à neuf rixdalles ; le caporal, douze • le sergent, seize ; les
officiers se partagent le reste. L ’argent du pass doit être remis
régulièrement lé dernier jour de chaque mois , entre les mains
du ministre, qui en est dépositaire. En tems de guerre on n’accorde
pas de pass, e t tous les soldats font leur service personnel.
On accorde aussi des congés au profit des officiers de l’état-
major , sous la dénomination de gardes-francs.
Le gouverneur prend autant de soldats qu’il en v eu t, pour
son service ; le major vingt-quatre et même plus, 1® procureurfiscal
deux ; le teneur de livres , un ; ainsi des autres; Ces soldats
, deyenus gardes-francs, travaillent alors pour ces messieurs,
ou bien leur remettent le montant de leur pass, Plus on en
occupe de cette manière, plus souvent le tour de garde revient
pour ceux qui restent,
La paie se distribue tous les quatre mois, chez le lieutenant,
de chaque compagnie, et ce quatrième mois se nomme, à cause
de cela , le bon mois.
Un habitant de la ville, ou de la campagne , qui desire avoir
chez lui un soldat pour instruire ses .enfans , ou travailler dans
son attelier, peut l’obtenir , e 11 payant le montant du pass ; mais
si l’homme sur qui il a jetté les y e u x , a eu en Hollande un billet
de transport, il faut, sur le champ, en compter le montant.
C’est environ 80 rixdalles , que le soldat acquitte peu à peu
par son travail ; mais s’il vient à mourir auparavant, celui qui
lui a avancé la somme la perd.
Les matelots obtiennent aussi quelquefois des pass ou congés}
mais ils .sont obligés de payer huit rixdalles par mois , au maître
de l’équipage.
On a encore des dispenses de .service, avec la perte de sa
paie; mais ce n’est qu’autant qu’on est regardé comme incapable
de servir la compagnie,’ On nomme licencias (1) ceux
qui ne font pas de service , sans ayoir de congé temporaire ou
absolu, et qui ne touchent pas de paie. Ils ne sont même libres
qu’en tems de paix; ,en rentrant au service, ils sont obligés de
servir cinq ans, c’ est-à-dire, de remplir le tems de leur engagement.
On exige une grande propreté de la part des soldats, surtout
lorsqu’ils sont de garde ou qu’ils vont à la parade. Ils doivent
avoir du linge .et des bas blancs, yeste blanche; le fusil 5 les.
boucles et les boutons bien clairs.
(1) Lichten.
L a