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espèce de chat rouge sauvage-, qui a l’extrémité delà queue noire
et une houpe de longs.poils au bout des oreilles. Les paysans font
un grand cas d e là peau de cet animal; ils l’emploient pour la
goutte, en l’appliquant sur les parties malades, .-
Une autre espèce de rat sauvage ou rat sautant ( 1 ) , habite
les montagnes et les fentes des rochers. Les habitans de la campagne
le rangent parmi les lièvres , et le nomment berghaas ou
springbaas (2). Cet animal-a une forme singulière. _ Ses piéds
de devant sont très-courts, et ceux de derrière aussi longs que
son corps;ils l’aident à faire des sauts prodigieux. J U
Les couches des montagnes sont tantôt inclinées et tantôt
tortueuses. ' .
La chaîne qu’il nous fallut traverser ; depuis la plaine de
Carro jusqu’au sortir du défilé d’Hex-rivier , du côté de Roofer
Sand , est très-large et entrecoupée .de petites vallées , tant en
long qu’en travers.
De Roode-Sand on prend la route ordinaire qui traversé le
défilé du même nom, et qui longe la montagne. Il y a une
éminence assez considérable qu’on est obligé de franchir.
On peut regarder Roode-Sand comme la clef de toute la
contrée située derrière la chaîne de montagne qui traverse
tout le Cap. C’ est le chemin que prennent tous les colons qui
viennent chaque année à la v ille, excepté ceux qui passent par
Hottentots-Holland.
Il s’est établi à Roode-Sand un chirurgien qui a élevé une
pharmacie dont il tire très-bon parti. Tous ses remèdes sont à
un prix assez haut: une prise dé poudre purgative se paie au
moins une demi-rixdalle ; on lui amène des malades , tant
esclaves que colons , qui se font traiter chez lui. Quelques personnes,
par bienveillance pour moi, tâchèrent dé me persuader 1
(1) Jerboa Capensh. Dipus cafer.
(2) Lièvre de montagne ou. lièvre sautant*
de me fixer dans cet endroit ; mais le désir de poursuivre mon
voyage et d’accélérer mon retour dans ma chère Patrie , ne me
permit pas de condescendre à de pareilles invitations.
Je crus m’appercevoir, en repassant par Riebeck- Kastel.,
qu’il y avoit du côté du sud-est une longue queue bien plus
basse que la montagne même.
Le chemin traverse ensuite Paardeberg , Koopmanris-rivier
qui n’est qu’une branche dé Berg-rivier; et après avoir passé
auprès d’Ellis-Kraal, nous arrivâmes au Cap le 29 décembre , en
bonne santé et sans avoir éprouvé aucun accident, grâces aux
soins paternels de la Providence. 11 y avoit déjà trois années que
je voyageois dans cette pointe méridionale de l’Afrique, avec
autant d’ agrémens que de succès. J’avois eu le bonheur de
faire plus d’une découverte utile pour les sciences et peut-être
même pour l’humanité.
C H A P I T R E I I I .
T r a v a u x dés Européens, et notice chronologique de leurs
excursions dans Vextrémité méridionale de l ’Afrique.
D epuis que les Européens ont commencé d’habiter cette
pointe méridionale de l’Afrique , le pays a subi beaucoup de
changemens : les naturels ont insensiblement disparu; les maladies
contagieuses en ont détruit une partie ; les autres, se sont
enfoncés de plus en plus dans l’intérieur du pays, et les. enfans
de Japhet les ont remplacés. On parcoure maintenant avec toute
la tranquillité imaginable une contrée dont différens animaux,
les. bêtes féroces sur-tout , disputoient la souveraineté aux
hommes. On cultive les plus belles productions végétales de
l’Europe et de l’Inde, dans des terrains qui n’étoient, dans le