
mine , il ne s’agit que d’allumer un peu de paille dans le
poulailler pour le nettoyer.
Le lendemain nous nous remîmes en route'et arrivâmes à une
métairie située près d’Ataquas-Kloof (1) , après avoir côtoyé
un rocher monstrueux , qui a tiré son nom de l’immense quantité
d’abeilles, auxquelles il donne asyle ; on l’appelle Heuning-
Klip (2 ) ; il est en outre'célèbre par la fidélité de son écho
qui répète de-très-loin , et très-distinctement plusieurs syllabes
de suite.
Nous vîmes ici l’olivier du Cap (3) , dont le bois blanc et
lourd , sert à faire des chaises.
On sème du froment, mais très-clair, car on m’assura qu’une
seule racine produisoit de vingt à quatre-vingts épis. Curieux
de vérifier par moi-même un fait aussi extraordinaire, j’examinai
dans les champs plusieurs grains en effet très-féconds,
mais aucun n’avoit plus de quarante-une tiges.
Tous les Hottentots -que nous avons rencontrés jusqu’ ic i ,
sont nés, ou dans les fermes des Européens ou aux environs-r
il ne faut pas ^conséquemment's’ attendre à les trouver dans
l’ état de nature : mais ceux que nous avons trouvés plus
‘avant dans les terres, étoient, pour la plupart, très-êloignés
des Européens , avoient leurs villages et leurs domiciles particuliers
, et je desirois bien pouvoir les observer de plus près.
Il y a un siècle on avoit bien plus de facilités pour étudier les
moeurs et les usages de ce peuple qu’aujourd’hui, parce qu’a-
lors il habïtoit bien plus près du Gap , et étoit plus nombreux
et plus libre ; mais depuis quelque tems il s’ est enfoncé dans
les terres, et a bien changé d’habitudes et de moeurs. On
s’apperçoit aussi de sa .diminution, que j’attribue à la .gêne où
il se trouve (4).
(1) Vallée d’Arthaqnas-
(a) Rocher aMà abeilles-
(3) Olta capensts.
(4) Y oyezune notice strocitite et bien
Ceux qui travaillent chez les colons parlent assez bien, pour
la plupart, le hollandois. Quand les colons commencèrent à
s’établir dans la campagne , leur poudre et leurs fusils en imposèrent
étonnemment aux .Hottentots, qui ne pouvoient rien
Comprendre à ces flèches qu’on ne voyoit pas voler après que
le coup s’étoit fait entendre. Us étoient aussi très-.étonnés
de ne pouvoir arracher les vis qui leur paroissoient cependant
faites comme des clous.
On parloit encore ici beaucoup d’un Hottentot mort déjà
depuis quelques années, et qui avoit vécu douze à treize ans
apres avoir perdu la mâchoire inférieure d’un coup de corne
de buffle sauvage. Cette effroyable blessure ne l’ avoit pas
empêché de se venger en tuant son adversaire, il ne pouvoit
plus parler, mais il mangeoit et suppléoit à la mastication en
broyant ses alimehs entre3 4 * 1 deux pierres , qui forment le mortier
des Hottéptols 5 il les fourroit , dans: bon gosier avec ses
doigts. Il était même parvenu à fumer du tabac , en ïe soutenant
avec la main.
Ici et dans plusieurs autres endroits , les Ijahitans delà campagne.
se servent d’une espèqe de, clématite ou d’atrâgèiie (1),
en guise de mouches cantharides. Ils les .appliquent pilées, et
en moins d’une' demi-heure, il s’élève une grosse vessie , qui
reste long-tems ouverte. La, racine de la .même plante coupée
par tranches, tire avec tant de force., qu’une plaie sur la-
quélle on la laisse une. nuit entière, peut rester ouverte pendant
plus d’un mois. On l’emploié encore contre les rhumatismes
et autres douleurs de .cette espèce. Elle croît principalement
sur le penchant des montagnes.
faile des envaliissemens des Européens
au Cap de Bonne-Espérance, et de la
retraite , j ’ai presque dit de la destruction
des Hottentots, dans le voyage
dels Vaillant, tome I. Note du rédacteur.
(1) Atragene vesicatoria.
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