
avions eu soin cependant de nous établir à une grande distance
de leur demeure. Mais avant notre arrivée ils avoient probablement
secoué leurs pelisses dans cet endroit. A peine y fûmes-nous
assis pour profiter de l’cmbre de nos voitures, selon notre coutume,
que nous nous sentîmes assaillis de tous cotés ; nous
fûmes très-occupés pendant plusieurs jours à nous délivrer de
ces hôtes importuns.
Ces champs sablonneux et couverts de buissons , fourmillent
de serpena. Il ne se passoit pas de jour que nous n’en prissions
plusieurs : nous les conservions dans de petits barils pleins d eau-
de-vie. Tandis que nous étions assis à; terre pour prendre nos
repas, ils nous passoient entre les jambes ou entre les cuisses sans
nous faire le moindre mal. Un entre autres s’entortilla autour de
ma jambe gauche; je le secouai doucement sans qu’il memordît.
Un autre se glissa sous mon ventre tandis que je dormois étendu
à terre , et passa ensuite sur les jambes nues d’un de mes camarades
de voyage , couché auprès de moi, sans nous faire la
plus légère piquure. le suis donc autorisé à croire que les ser-
pens ne mordent qu’autant qu’on les foule aux pieds ou qu’on
les provoque d’une manière quelconque ; alors ils sont obligés
de se défendre. J’en ai beaucoup vu traverser le chemin très-
pacifiquement , et passer même entre les jambes des chevaux.
Les t a u p e s s e creusent ici des trous nombreux et profonds ,
quirendent même la route dangereuse pour les chevaux; quand
ils y mettent les pieds, ils courent risque de s’abattre.
De Verlooren - Valley nous allâmes à. Lange-Valley, rivière
semblable à la précédente , mais bien plus petite. La longue et
sèche campagne de Carro nous séparoit des montagnes., et il
falloitlalraverser pour nous rendre dans un endroit qu’on nomme
H e e r e n - l o g e m e n t ( 1 ) .
Le terrain est très-sec , les montagnes sont fort sablonneuses
(i) Logement, des maîtres.
et les dépôts de bestiaux assez clair-semés : les colons n’y
demeurent même pas ; mais ils ont à leurs gages des Hottentots
chargés du soin de leurs troupeaux, qui forment l’unique richesse
du pays, parce qu’il n’y croît rien. Il est trop maigre
et trop sec pour qu’on puisse y faire seulement des jardins.
Le a5 , avant de nous rendre au Logement des maîtres , nous
trouvâmes sur notre route plusieurs petites vallées peu profondes
, des vallées déjà desséchées par les chaleurs de l’été.
Elles avoient un aspect singulier , à cause des couches d’ar-
gille de différentes épaisseurs que les eaux de la pluie avoient
déposées. La couche la plus basse est ordinairement la plus
grossière, et renferme des matières hétérogènes qui s’y trouvent
déposées selon leur pesanteur. La Couche supérieure étoit si
fine et si sèche, qu’elle finissoit par s’attacher aux lèvres comme
une pipe neuve.' :
J’ai rassemblé plusieurs de ces pierres et beaucoup d’autres ,
que j ’ai envoyées au cabinet minéral de l’académie d’Upsal.
Je-trouvai sur ma route une plante (r) que je eberchois
depuis long-tems. Il n’y en avoit qu’un seul buisson, mais je ne
l ’oublierai pas, G’étoit une des plus chaudes journées de l’année -
nous .craignions,pour la vie de nos bêtes, et nous étions nous-
mêmes , pour ainsi dire, enflés.
Le buisson dont je viens de parler étoit tout hérissé d’épines
blanches, fragiles et polres.: Quand mon compagnon et moi cou—
(î) Codon royeni. Ce codon constitue
un genre p articu lier, qu’on peut
rapporter à la famille des solanèes.
C’est une plante frutescente, toute lié-,
rissée d’aiguillons blanchâtres ; caractère
qu’on a omis dans la prem ière des-,
cription qu’on en a p u bliée, et que
j’ai rétabli dans celle que j ’a i donnée
dans mon Dictionnaire (vol. I I , p . 62).
C ’est une particularité rem arquable
de trou v er dans la famille des sola-
n ées, une plante dont les' fleurs ont
dix étam ines,. le calice et la corolle
à dix divisions. M eerburg a figuré
cette plante (voyez pl.. 07 ) . et G artn
er l l OÎ 11 I l | p V > t. 'qS ) nous
a donné les détails "d e son fru it. ï.am.
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