
2 i 8 1773. A D M I N I S T R A T I O N
d u it se rt à p a y e r le s frais de l ’ enter rement. Quo iqu’on en ait
détourné la m e illeure p artie , quand c e produit e x c èd e les frais
du c o n v o i, on rég a le le mort d’un c e rcu e il de d ix r ix d a lle s ,
e t on donne du vin à c e u x qui vien n ent lui ren d re l;es derniers
devoirs. En un mot, on s’ arrange de manière à n e rien laisser aux
héritiers.
Ch aq u e soldat re ço it d eux ou trois liv re s de pain par sem a in e ,
e t e s t obligé d’ abandonner à l ’ordonnance d eux sous de sa
paie , par m o is, pour n e tto y e r ses b o tte s , e t de fa ire le service
de c e lu i- c i ; des cuisiniers de la cita d e lle leu r préparent leur
nourriture , e t leu r v enden t des portions.
En tems de g u e r r e , e t même lorsque la p a ix n ’ est pas très-
assurée , les v ais seaux hollandois n e p a r ten t du Cap qu’ en
bon nombre , e t forment une ou plusieurs flottes ; mais pendant
la p a ix ils m e ttent à la v o ile séparément ou en trè s -p e titn om b re ,
comme j ’ai eu occasion de le voir m o i -m êm e pendant mon
sé jour au Cap.
A v a n t de le v e r l ’ a n c r é , on fa it le décompte de tous c e u x
q u i doivent monter le b â t im e n t , e t ils savent ce qui leur re v
ie n t de bon sur le u r solde ; ils von t le to u c h e r , quand c e la
le u r co n v ien t, au bureau des p a y eu rs {1) : si quelqu’un res te
au Cap ou dans un autre endroit pour le s e rv ic e de la Compag
n ie , il p eu t re c e v o ir ses appointemens tous le s trois ou quatre
m o is; mais on ne lui compte le florin que sur le pied de quinze
à seize s o ls , c e qui fa it une p e r te considérable; mais si l ’on ne
v e u t rien to u ch e r de to u te l ’an n é e , les directeurs appurent
leurs comptes au mois d’a o û t , e t donnent un mandat qu’on
to u ch e soi-même ou qu’on v en d à raison de d ix -h u i t , dix- n euf
e t même v in g t sols le florin; ainsi la p e r te est très-fo ible et même
n u lle . C e compte de l ’année ressemble à une le ttre -d e -ch an g e
d ont la Compagnie acquitte la v aleu r entière en E u r o p e , ou
Soldy compter.
E T É T A T P O L I T I Q U E D U C A P . 219
qu’on passe aux négocians qui ont des sommes à remettre dans
cette partie du monde.
On m’assura que tout bâtiment étranger paie ici cinq cens
florins pour avoir la permission d’y mouiller. Les rafraîchissemens
et les provisions dont ils peuvent avoir besoin sont très-chers,
à cause des droits que la Compagnie perçoit sur la viande et
sur le vin : ils paient la viande deux sols de Hollande la livre,
tandis qu’elle ne revient à la Compagnie qu’à trois liards (1),
et même à moins , comme on va le voir par les détails suiyans.
La Compagnie tire un profit immense de la ferme des vins et
de la viande. Le dernier août de chaque année, on adjuge le
premier article au plus offrant et dernier enchérisseur. L’adjudicataire
devient fermier-général de tous les vins; il a le droit
d’en vendre non-seulement à tous les officiers des vaisseaux
hollandois et aux étrangers, mais encore à tous les aubergistes.
Les propriétaires-vignerons peuvent aussi en fournir directement
aux bourgeois pour leur consommation seulement ; mais
il est défendu à ceux-ci, sous peine d’une très-forte amende,
d’en faire le commerce, et même d’ en recéder à qui que ce
soit. ■ Ces entraves Occasionnent la cherté du vin , qu’on paie
dans les auberges le double de son prix originaire. L ’adjudicataire
général a aussi le droit exclusif de vendre du vin en détail
; il peut à la vérité rétrocéder ce privilège aux aubergistes,
qui lui paient une certaine somme.
La ferme des vins se monte annuellement de trente à quarante
mille florins.
Celle de la viande s’adjuge au contraire au rabais : on conçoit
aisément qu’il ne s’agit pas de recevoir, mais de fournir
de la viande fraîche pour le service de la Compagnie , qui ne
touche, point d’argent pour cet -objet, mais toutes ses fournitures
en nature même, c’ést-à-dire , en viande fraîche. De