
486 1775. O B S E R V Â T . Z O O L O G IQ U E S
peuvent ravager les rizières et les plantations de sucre sans
craindre d’être tués. Les haies qu’on oppose à leurs incursions ,
sont, pour la plupart, trop fo ib le s e t composées simplement
de cannes de bambou.
Les-plantations de cannes à, sucre n’ont que des barrières
hautes d’une aune et demie, et en petites perches, sur
lesquelles on attache des morceaux de toile de coton. Les
Javans ont soin de lâcher de l’eau sur ces guenilles bien persuadés
que le sanglier a la plus grande aversion pour, l’urine,
de l’homme , et que l’odeur suffit pour l’écarter et l’empêcher
de rompre ces trop foibles barrières.
Les rivières de Java, tant à.leur embouchure que dans l’intérieur
des terres, sont infestées de crocodiles d’une taille monstrueuse
( 1 ) . Dans mes promenades botaniques, je les voyois
souvent endormis au soleil. Ils ont une gueule immense et une
mâchoire garnie de dents aiguës et tranchantes comme un
ciseau de menuisier , avec lesquelles ils coupent, sans peine,
les plus fortes cordes. 'Les Indiens les prennent d’une- maniéré
assez ingénieuse. Ils attachent un crochet de bois à l’ extrémité
d’une cordé légèrement torse, et le garnissent d’un morceau
de charogne. A peine le crocodile a-t-il avalé cet appât, qü’il
tâche' inutilement de couper la corde ; elle se fourre entre
ses dents : en outre , le crochet qu’il a dans la gorge l’empêche
de fermer là gueule , et des chasseurs bien armés- fondent
sur lui et lé mettent à mort.
(1) L e crocodile se nomme cayman
et alligator dans les colonies Européennes,
houmir en persan, temsahh
en arabe. Il y en a de deux espèces ;
ceux de la plus grande sont longs de
cinq à six pouces quand ils sortent
d’un oeuf gros comme celui d’un oie ,
et parviennent, dit-on, jusqu’à vingt-
cinq et trente pieds. On trouve une
pétite notice sur ce vorace amphibie
dans les Essais philosophiques sur les
moeurs de divers animaux étrangers ,
p. 29 et suiv. Note du Rédacteur.
On emploie le même moyen pour prendre le léviathan. Il faut,
dans cette chassé beaucoup plus de ruse et d’adresse , que
de force. . . .
Les dragons (1) volent aux environs de la ville pendant la
plus grande' chaleur du jour comme les chauve-souris dans
les soirées d’été en Europe. Comme ils sont en très -grand
nombre, j’en attrapois beaucoup , et ils ne me faisoient aucun
mal •-
On entend souvent, dans les forêts de Java , une cigale (2)
nommée garing dans la langue du pays; elle se perche sur
les arbres; son cri'est très-perçant et à-peu-pres semblable
au son-d’une trompette,- Elle se tient ordinairement près de
la tige dés arbres ou sur de grosses branches nues-. 11 est très -
difficile de l’appercevoir, et plus encore de 1-attraper. Son cri
diminue à mesure qu’on en approche , et- tout-à-coup elle
s’envole. On la prend plus aisément avec un tube à insecte ,
ou bien à la manière des Indiens , en frottant de glu le bout
d’une grande perche qu’011 passe dessous ses ailes, de manière
. à. l’empêtrer.
On est tourmenté, dans toute l’Inde par deux espèces d’in-
secles , les kcikerlagor (5) et les fourmis : l’un est tres-ineom-
mode à bord des bâtimens j l’autre vous poursuit par-tout. Les
petites fourmis rouges, sur-tout, mangent et détruisent tout;
elles sont presque imperceptibles , et se glissent par-tout à
travers les plus petites fentes. Si vous mettez un insecte dans
une boîte sans la fermer, il ne tarde'pas à. être dévoré par
(1) Draco volans.
(2) Cicada libicen.
(3) Kalcerlagor blatta, ou blattd orien-
idlis. Lam. ils s*ë cachent pendant le
jo u r , et sortent' de leur réduit pendant
la nuit pour ronger les souliers
et toutes les portions grasses de l ’habillement.
On dit que ces Jcakerlagor
mangent les punaises. Mais quand
même ils les détruiroient, ce s'êroit
troquer une peste contre une autre.
Note du Rédacteur.