
pierre qu’on plaça dans le port de Swart-Kops-rivier (1 ). Comme
il n’y avoit pas encore d’habitations de l’ autre côté du défilé
d’Attaquas, ni conséquemment de chemin, la troupe fut souvent
obligée de tirer ses voitures à force de bras , dans les
endroits les plus périlleux. Ce voyage pénible et inutile,~ dura
huit mois. De retour au Cap, le commandant fut cassé.
■ D’Artaquas-Kloof, nous allâmes' nous reposer un jour à
Gouds-rivier, parce que nos boeufs de trait étoient vivement
attaqués de. la maladie de la démangeaison. Mon compagnon en
abandonna un qui se trouvoit~absolument hors d’état de marcher.
Il faisoit une chaleur affreuse : jamais je n’en ai ressenti
une aussi vive dans tout le cours de mes voyages. Les colons
fermoient leurs portes :et leurs volets'pour se procurer un peu
d’ombre et de fraîcheur : les oiseaux ne voloient qu’avec peine,
et l’ air qu’on respiroit sembloit dévorer les entrailles. Le thermomètre
de Fahrenheit monta probablement à plusieurs degrés
au-dessus de cent.
Les jours suivans nous continuâmes de marcher, • et nous
séjournâmes à Riet-Walley (2), autant pour nous reposer que
pour'visiter de nouveau Groot-Vaders-Bosch (S). Comme l’été
approchoit, car nous étions déjà au i 4 janvier , nous espérions
trouver les arbres -en fleurs; mais ils n’étoient pas beaucoup
plus avancés qu’à notre' premier passage ; nous apperçûmes
seulement- quelques boutons prêts à éclorre.
Deux bûcherons abattaient des arbres dans ce bois, pour le
compte de la Compagnie. Ils les traînoient ensuite dans- des
endroits où on les chargeoit sur-des charriots : on attache une
Cordé à l’.afbrë et on le fait tirer hors du bois par des boeufs ;
c’est l’unique moyen praticable dans des endroits aussi escarpés, 1
(1) Rivière de la tête noire.
(3) Bois du grand-père.
(2) Vallée des roseaux,
N’espérant plus de revoir ce bois, je voulus non-seulement
emporter des. branches et des feuilles de la plupart des arbres
qui le composoient, mais prendre des renseignemens sur leur
usage et leurs vertus. . ,
Le bois de fer noir (1) est dur et de résistance : on en fait des
essieux et des timons.
Le bois jaune (2) , dont la couleur indique le nom, est
beau : on en tire des planches -et des poutres pour les bâti—
mens; des armoires, des portes, des châssis de fenêtres, et
dès baquets à beurre.
Le bois de. camassie (5) n’est qu’un buisson , dont on ne tire
.conséquemment que. de petites pièces, qui serrent à l’ébénis-
terie : on en fait aussi des. rabots; c’ est le bois le plus fin et le
plus pesant que je connois.se..
Le poirier rouge (4) s’emploie aux caisses des voitures , aux
essieux et aux avant-trains.
Celui de boukou (5) est excellent pour les rones des voitures.
Celui d’aulne- rouge (6) sert au même usage : on en fait
aussi des chaises.
Le frêne (7) est un grand arbre , d’un bois dur et serré,
avec lequel on fait des outils.
Il y a deux sortes de bois puant (8) , le blanc et le brun.:
ce dernier est magnifique, d’une couleur obscure , avec des
(1 ) Gardenia rothmannia ( svarte
eyzerhout).
(2) Ilex crocea ( geel hout). Nova
speóies.
(3) Kamassie kout.
(4) Roode peer.
(5) Olea Capensis ( huhu hout).
(6) Cunonia Capensis. Voyez-en la
fl g u r e et les détails dans mes ïllustr.
des genres, pl. 3yi. Lam.
(7) Ekebergia Capensis ( essen hout,
essemboom, Houlniquas essen )., r
(8) La seconde sorte de bois puant •
dont il est ici question , est peut-être
la même que le bois puant de l’Isle
de France, qui constitue un genre
particulier de la famille des myrtes,
genre que j’ai publié sous le nom de
foetidia, et dont j’ai donné une figure
dans mes Illustr. pl. 4ig. Lam.