
percevoir : mais au moindre bruit il lève sa tête emmanchée
sur son long c o l, et voit de très-loin. Il lui est donc très-aisé de
prendre la fuite avant que le chasseur soit à portée de le tirer.
Cet oiseau, en courant, a le port fier, et ne paroît pas se
hâter , quoiqu’il marche très-vîte , sur-tout quand il a le' vent
bon ; car alors il bat des ailes, et il est impossible que le meilleur
cheval puisse jamais l’atteindre. Cependant quand il fait chaud,
que le tems est calme , ou qu’on lui a cassé les ailes , il marche
bien moins vite,
Me promenant un matin à cheval, je passai auprès d’une fe melle
d’autruche qui couvoit; elle se-leva et se mit à me poursuivre
pour m’empêcher dé voir ses oeufs ou ses petits : dès
que je retournois et que je poussois mon cheval de son côté,
elle fuyoit 5 maislorsque je contipuois mon chemin ; elle Se remets
toit à me poursuivre.
J’ai entendu dire ici aux paysans, que les oeufs d’autruche
renferment une ou deux pierres blanches et dures , grosses
comme une 'petite fève , un peu plâtes et polies. On les taille
et on les incruste pour faire des boutons : mais je n’ai jamais
été assez heureux pour trouver une seule de ces pierres.
Nous vîmes ici beaucoup de perdrix dans plusieurs endroits;
elles nous parurent peu sauvages, car tandis que nous marchions
au trot, elles se contentoient de fuir en s’écartant un peu de la
route , et nous pouvions à-peine les joindre : mais alors elles
■ prenoient leur vol en poussant des cris aigus. "
Verloôren-Vàlley est le nom d’une petite rivière 'qui tire sa
souroe de la chaîné des montagnes , et se décharge dans la.mer.
Ses bords sont couverts d’herbes, particulièrement de joncs et
de roseaux (.1) qui ont souvent plusieurs aunes de haut5 ils empêchent
même de voir l’éau dans plusieurs endroits. Une multitude
innombrable' d’oiseaux se cantonnent dans ce rempart impér
( ) Carex / arundo.
nétrable
nétrable de joncs, et y,font leurs nids, particulièrement le héron,
hapé , je crabier bleu', ainsi que des ; canards- et des poules
d’eau (1). Cette rivière est étroite en beaucoup d’endroits; mais
elle s’élargit à mesure qu’ elle: s’approche de la mer. Elle a
meme plusieurs trous extrêmement profonds. Elle se jette dans
l’Océan vers le nord; et quand elle'est basse , son embouchure
paroit entièrement à sec et encombrée par le sable. L ’eau y est
stagnante. Plus on approche du rivage , plus on enfonce , et les
joncs saut moins épais,
Cette rivière fait . plusieurs détours et passe entre deux
monticules peu élevées; son eau est douce ét très-bonne :
mais plus près de la mer, elle acquiert une certaine salure, surtout
dans les tems secs'. Nous- séjournâmes sur ses bords, et y:
couchâmes plusieurs nuits à la belle étoile. Nous. suivîmes
son cours à travers des plaines maigres et sablonneuses , qui
ne sont habitées par aucun colon. On n’y rencontre que quelques;
dépôts de bestiaux , presque tous confiés à des Hottentots.
A l’entrée de Verlooren-Valley; en face de l’extrémité même
de la montagne de Pieket, s’avance:une chaîne de montagnes
qui- s’étend jusqu’au rivage où se termine Verloorefi-Valley '
et- borde cette, petite«rivière..
Il sort aussi de la montagne de Pieket quelques branchés de
montagnes qui se terminent de l ’ autre côté de Verlooren-Vallëy.
Cette, longue chaîne de montagnes, qui s’étend depuis le. cap
Falso, près dé la montagne des Hottentots Hollândois, en traversant
tout le pays, se termine ici en collines et en hauteurs éparses
çà et là , de manière qu’on n’est pas obligé, dans- cette partie,
septentrionale, de franchir cette chaîne de montagnes comme,
du côté de Roôdesand.et dans les défilés de Piekeniers. '.
Nous attrapâmes une innombrable quantité de Terminés auprès
d’une ferme où les Hotteptots gardoient des bestiaux. Nous
(1) Ardea major, coerulea. Anates, fiùlicæ.
Tome X Y y