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de montagnes dispersées çà et là : plus loin , la haute montagne
de Hantoum qui a une vallée ouverte, à travers laquelle nous
passâmes à cheval : cette montagne unie et plate sur son sommet
, paroissoit égale à Rogge-veld en hauteur.
Dès que nous eûmes quitté Boeke-land, plus nous avançâmes ,
plus la plaine de Carro nous parut aride : quelques.lits de rivières
considérables conservoient encore de l’eau stagnante , qui
s’évapore entièrement dans l ’été.
Nous traversâmes Hantoum auprès d’un dépôt de bestiaux
à Riet-Fonteyn ; ce dépôt appartient à Van-Rhen : nous vîmes
aussi celui de Henri Lans, pour nous vendre à l’habitation
d’ Abraham-Vandick ; c’est un. homme très-gras , qui a cou -
tume d’aller au-devant des hôtes dont ses chiens lui annoncent
l ’arrivée. Il sort même de chez lui pour leur souhaiter le bonjour
, et les engager à venir se reposer. Après avoir marche pendant
plusieurs: jours au milieu de ce désert , sans y voir un seul
être animé, nous fûmes très-étonnés d’y rencontrer une habitation
et un homme aussi bien portant que l’affectueux Vandick. ■
Depuis long-tems nous cherchions la plante spongieuse ,
nommée hydnore d’Afrique (1) ; ce ne fut qu’ici que nous la-
trouvâmes : c’est à coup sûr une des plantes les plus, singulières
, découverte dans ces derniers tems. Elle croît sur les
racines d’un buisson qu’on nomme euphorbe effilé (2). Sa partie
inférieure qui en devient le fruit -, sert de nourriture Quelquefois
aux Hottentots, aux civettes , aux zeniks (3) , et autres animaux
du même genre.
(il Hydnora Jfrkana. Thunb. C’est
n°. i 5), est fort remarquable par la
Vaphyteia hydnora, dont j’ai parle
forme effilée de ses' rameaux. Ils semblent
dans une de mes notes précédentes.
presqu’entièrement nuds , quoique
Lam.
les plus jeunes portent de véritables
(2) Euphorbia lirucalli'. Cet euphorb
feuilles , mais en petit nombre
e . dont j’ai donné la description dans
et fort petites I.ani.
pion Dictionnaire (.vol. I I , page 4iy ,
. (3) Vi vcrrce.
Le
Le i3, chez Christian Bock. Le i 4, à Rhonnester-rivier. où
il nous fallut dételer et passer la nuit, quoique deux jours auparavant
un lion eût étranglé un zèbre dans cet endroit même :
nous en vîmes des restes5 il ne l’avoitpas mangé tout entier. *
Les ll0BS sont ici très-communs sur lés montagnes. ’ Les
colons craignent ces voisins importuns pour leurs troupeaux, et
les Boschismans lès craignent pour eux-mêmes : j.e vis plusieurs
personnes, qui avoient manqué d’en être dévorées; on me parla
sur-tout un nomme K or f, qui ne demeuroit pas très-loin. Un
ion s etoit établi au milieu d’un ruisseau très-voisin de son
rabitation , aucun de ses gens n’osoit sortir pour aller cherchée
e eau, ou pour mener paître les troupeaux. Korf résolut de
débusquer cet animal opiniâtre.: suivi de quelques Hottentots
tres-timides, il va le'relancer jusque dans.sa retraite; mais
comme les joncs ne lui permettoient point d’ajuster, ni même de
m K t m - t l’imptudenoe-de tirer quelques coups de
fusil au hazard; a 1 instant le lion irrité s’élance vers lui ■
les Hottentots effrayés fuient, et le pauvre colon se trouvé
sans deiense a la discrétion de son cruel ennemi; cependant il
ne perd pas la tete, et lui enfonce le bras au fond du gosier,
■ sa langue et l’empeche ainsi de mordre : mais enfin, épuisé
parJa perte de son sang , il tombe évanoui, et le lion reLourne
dans ses-roseaux. Le paysan étant revenu à lui, eut encore la
force de se traîner à sa ferme;' il avoit cependant les flancs déchirés:
par les griffes du lion, sa main sur-tout étoit tellement
machee qu’il ne pouvoit espérèr de guérison : son parti fut bientôt
pris; i f la posa tranquillement sur un bloc, plaça un couperet
à l’endroit où il vouloit faire l’amputation, et ordonna à
un de ses domestiques de frapper avec un maillet. L ’opération
faite , il plongea son moignon dans une vessie pleine de bouse
de. vache , et se guérit'avec* des décoctions de différentes
plantes odoriférantes, mêlées de ciré et de saindoux.
Un autre paysan très-âgé étoit sorti de son habitation
Tome I . y y 1
avec