
sans nous arrêter à l’habitation de Melk. Ce poste appartient à
la Compagnie ; elle y entretient une immense multitude de
vaches pour se procurer le beurre nécessaire. On coupe beaucoup
de bois dans les environs pour le compte et pour la
consommation de cette Compagnie. Les bûcherons'ont la permission
d’ abattre un peu de bois de menuiserie pour supplément
à leur paie : mais on n’accorde pas cette faveur aux
colons. On leur abandonne la forêt d’Houtniquas ; quelquefois
le Gouvernement exige qu’ils soient munis d’une permission
par écrit, pour laquelle ils paient cinq rixdalles.
La chèvre ou gazelle bleue (1) est une espèce particulière à la
contrée ; sa couleur est blanche, mêlée de noir. On assure qu’il
arrive souvent à cet animal de négliger ses petits, qui deviennent
alors la proie des bêtes fauves; ce qui occasionne, dit-on, la
rareté de cette espèce. Sa chair paroît avoir meilleur goût que
les autres.
Quoique les zèbres (2) soient ici très-communs , il est défendu
d’en tu e r , sous peine de cinquante rixdalles d’amende :
quand on en prend un vivant, il faut l’offrir au gouverneur. Les
vieux se laissent prendre rarement et ne s’apprivoisent jamais.
Les jeunes même sont très - difficiles à élever ; et quoiqu’ils
paroissent très-familiers , il ne faut pas s’y fier.
De ce poste nous allâmes-a un autre dans Zoete-melks-
val'ley (3) , auprès de l’habitation de George Linde. Ce poste
est gardé par vingt-quatre hommes et un sergent , pour surveiller
la coupe des bois des environs. La Compagnie tire surtout
des vallées qui séparent les montagnes, la majeure partie
du bois nécessaire pour ses chantiers et ses bâtimens. On en
conduit chaque mois trois grandes charretées au Cap. Les bûpage
iq 4. ( Tseiras, blauwe back. )
(2) üquus zébra.
(3) Vallée du lait doux.
( 1 ) Capra leucophroea. jdntilape
leucophroea. G m e l. L a c h è v r e "bleue.
B u ffo n , S u p p lém e n t , v o lum e V I ,
cherons ont également ici la permission d’abattre et vendre
un peu de bois à leur profit. Les boeufs traînent les grandes
pièces de bois. Ces transports donnent un mal incroyable. Après
avoir abattu un grand arbre , on le laisse ; sur terre , sécher
pendant quelque tems ; ensuite on le façonne sur place. On
prépare même dans la forêt, les bois de fusil, les manches de
haches ; mais ces manches ne sont que dégrossis. .
J’ eus l’occasion ici de voir comment on prépare la paille de
bled pour couvrir les maisons. On se contente de battre cette
paille avec ses épis sur un bloc de bois ; le grain et l’épi
tombent. Cette manière de battre le bled est infiniment plus
lente que quand on y emploie des-chevaux; mais elle conserve
la paille entière et égale.
Le 24 nous passâmes auprès de Zickenhuys , petit poste de
la Compagnie. Il dépend du premier, situé à Zoete-Melks-val-
ley. ILn’est gardé que par deux hommes. Nous visitâmes ensuite
l’habitation de Groene-Val et Gyllenhuysen, auprès de Svart-
rivier. C’est ici que se terminent les montagnes noires qui
commencent auprès de l’habitation de Groene-Val. Elles ne
sont pas excessivement hautes.
Le l 5 , nous allâmes à Baden-Horst et à Bejier, auprès de
Booter-rivier.
Je tirai ici un chat tacheté de noir (1). Sa peau avoit une telle
odeur de musc , que Rayant pendue dans la voiture pour la faire
sécher, je ne pus en supporter l’odeur. C’est pourquoi les chiens
se décident difficilement à donner la chasse à cet animal.
Auprès de Kleine-hout-hoek, derrière Frausche-Hoek, commence
la chaîne de montagnes dont nous reconnûmes l’extrémité
au défilé d’Hessaquas. En avant de la montagne de Groote-
(1) Vit’ira. C’est le genre qui com- berg est peut-être le vitrera tiarina de
prend la civette et la genette de Buf- Gmelin, n°. 22. Lam.
fon. L ’espèce dont parle ici M. Tliun-
Rr 2