
222 ij7$. A D M I N I S T R A T I O N
colons de venir à l ’ église du Cap fa ire baptiser leurs enfans et
se marier ; de manière q u e c e u x qui sont établis à une certaine
distance dans l’in tér ieur des te r re s , n ’ apportent leurs enfans
qu’à l’ âge de s ix mois e t même un an.
C ’e s t sans doute a v e c bien du r e g r e t que lés ministres-de la
religion laissent aller le s morts to u t seuls à leu r dernière de-,
m eure j mais enfin , les enterremens se font sans cérémonie ,
le climat n e p e rme ttan t pas de conserv er le s cadav res assez
lon g-tems , pour qu’un p rê tre puisse l ’honorer de sa présence.
U n garçon p a rv en u à l ’âge de quinze ans , doit ê tre inscrit
.su r le rô le des h om m e s , et fa ire serment de fidélité à la nation
, e t se trou v e r tous les ans à l ’ e x e r c ic e à p ied et à cheval.
L e s bourgeois le font dans l ’intér ieur d e la v ille ; les autres
habitans de la co lo n ie , à S tellen b och e t à Swellendam. C eu x
qui y manquent p aient uné’ amende. Un p ère qui fournît deux
enfans pour le se rv ice militaire , en e s t ex emp t lmb-même. -
Comme l’hôpital n e m’offroit aucune occasion de m’instruire ,
j ’y âllois trè s - rarement. Cep en dan t j’ eus encore le tems d’y
remarquer que le s infirmiers éto ient armés d’un bout de corde 3
destiné à m e ttre le s malades à la raison : remède b ien digne
d’un h ôpital. En g é n é r a l, les chirurgiens de la -Compagnie emp
lo y é s dans c e t établissement ou sur les v ais seaux , manquent
à la fo is de savoir e t d’ expé r ien c e . Si par hasard il se trouve
parmi eu x un h ab ile homme , à coup sûr c ’-est un -étranger.
■ Chaque matin , le premier chirurgien fait son rapp or t au gouv
e rn eu r , sur la situation e t le nombre des malades.
L e s ordonnances sont é c r ite s sur une p e tite planche atta chée
au lit du m a la d e , e t on lui en administre une portion to u t de
suite. Un co ffre.plein de -drogues toutes p réparées , marchent
à la suite du chirurgien ; mais c e qui v au t m ieux que toutes
ses ordonnances , ce- sont les viandes e t les légumes frais qu’on
donne aux malades.
Q u o iq u e la colonie soit tr è s -é te n d u e , plus p eu p lé e de jour
E T É T A T P O L I T I Q U E DU C A P . 225
en jour , et qu’ il y re s te p eu d’Hottentots , ca r on les- a e x te r minés
ou chassés , il n ’ est pas ra re cependant que le s e s cla v e s
s’enfuient e t se ca ch en t dans les m on ta gn e s , qui leu r se rv en t
particulièrement d ’asyle. Qu an t aux soldats e t aux m a t e lo ts ,
il leur arrive rarement de déserter , p arc e q u ’il est trè s-a isé
de les re trou v e r . Quand .on ra ttrap e un e sclav e ido lâ tre qui
s’est e n fu i ,, son maître , ou les v alets du fiscal de p o lic e , lui
donnent des coups de fo u e t. L e p r ix qu’ il a .c o û té , lui sauv e
la vie. L e s lo ix sont-moins indulgen te s pour le s ch ré tien s attachés
au se rv ic e de la Compagnie ; quand ils désertent on les
pend sans miséricorde , p arce, qu’ils n ’ont e x ig é aucuns débour sés.
Nous avons déjà dit qu’il en coûtoit to u t au plus dix florins
pour le s remplacer.
C eu x que l ’on prend en fla grant délit de bes tialité , n e sont
ni interrogés ni examinés ;■ on-les noie comme indignes d’aucune
espèce de jugemen t ou de secours quelconque ; car on ne le u r
accorde pas même de p rê tre . Je v is ainsi ex p éd ie r un es cla v e
convaincu de c e crime.
Dans les premiers jours de. mars de c e tte an n é e , on ju s ticia
les Hottentots que nous avions rencontrés dans no tre' v o y a g e
en Caffrerie. Plusieurs ne fu ren t .condamnés qu’ au f o u e t ,
d’ autres a u fo u e t e t à la marque ; certains euren t le tendon
d’achille coupé : ensuite on les mit tous en lib e r té pour qu’ ils
«’en retournassent chez e u x , et servissent d’ e x em p le 'au x autres.
A -p eu -p rè s à la même époque on apprit que les Hottentots
boschismans v o lo ien t etassassiuoient le s paysans.
L e 3i juillet on e x é cu ta un esclave qui avoit assassiné- son
maître. Il fu t attaché sur une c r o ix , et tena illé dans huit endroit*
des bras e t des jam b e s , a v e c des pinces de fe r ro u g e à dents
de scie. Ensuite on le rom p it, et on finit par lui couper la t ê t e ,
qui fu t plantée sur un pieu. L e conseiller de ju s tice qui a
examiné l’ affaire e t porté le ju g em e n t , assiste en personne à
l ’exécution.j il s’y nend même en cérémonie pour y donner