
parce que la religion musulmane , qu’ils professent, défend
-de faire -et meme de conserver aucune représentation humaine'.
Les Chinois méritent incontestablement une place dans un
chapitre consacré au eommerce de Java : de tous les étrangers
établis dans cette île, ce sont les plus nombreux, les plus industrieux
et les plus'infatigables (1).
Ils conservent dans cette contrée éloignée de leur pays
natal, les moeurs, les usages et le caractère de leur nation :
quelques-uns vont à la Chine , et en reviennent pour leurs opérations
mercantiles ; mais la plupart sont sédentaires.
On les reconnoît aisément à leurs petits yeux ovales; leur
taille est assez avantageuse : tjuelqüës-uns ont de la barbe, mais
presque tous sont rasés. Ils laissent croître les cheveux du
sommet de la tete et en font une ou trois longues tresses qui
pendent sur leur dos , ou qu’ils tournent autour de leur tête. 1
Leurs vêtemens larges et légers sont composés d’un gilet
qui se boutonne sur les côtés ; d’un grand pantalon : ils n’ont
pas de bas-: leurs souliers garnis de semelles fort épaisses , sont
(1) Les Chinois établis à Batavia
ont un quartier séparé hors de la ville ;
leur nombre se montoit à plus de
j 00,000, lorsque Bougainville surgit
à Java.,<c Ce sont, dit-il ., les .courtiers
î» de tout le commerce intérieur de
« la v ille , et c?est à leur industrie
» que les marchés doivent l ’abondance
» qui y règne depuis quelques an-
p nées ». Ils passent pour usuriers,,et
sont regardés à-peu -près comme les
Juifs en Europe. En effet, ils ne s’occupent,
comme ceux-ci , que de tous
les moyens d’amasser de l’argent.
L ’établissement des Chinois à Java date
.çle la plus haute antiquité. Quelques
auteurs prétendent que leurs .ancêtres
étoient des criminels chassés de la
Chine, et qu’ils vinrent peupler cette
île. S’il en étoit ainsi , d’où viendroit
la différence qu’on remarque entre les
Javans et les Chinois ? Il est bien plus
naturel d’imaginer que ceux-ci ayapt
trouvé leur avantage à négocier avec
les premiers, les auront pris en affection
.et auront .continué une liaison qui
é toit lucrative, sans oublier cependant
leur origine et leur pays , car il«
conservent la religion, les moeurs et
les usages de la Chine, et y vont même
porter ou chercher différens articles
de commerce. Note du rédacteur.
sans
«ans boucles : leur mouchoir pend'sur le côté droit, le long de
la cuisse : ils ont aussi une petite boîte d’argent ou .une bourse
pour y mettre la petite'monnoie : ils portent sur la tête'un chapeau
e orme conique, ou un parasol et presque toujours un
eyentail à la main.
Ils- cultivent la plus grande partie des jardins dispersés autour
de. la ville, apportent et vendent aux habitans et aux équipages
des vaisseaux toutes sortes de fruits ou de légumes frais ,
a très-bon marché. Ils prennent à ferme le brûlement de l’arrak
et exercent toutes sortes de professions; ils font sur-tout un
commerce considérable : ils se chargent de raffiner le sucre ,
d exploiter le café, l’indigo; enfin, ils se rendent tellement
utiles quon ne pourroit se passer d’eux.
Comme il n’est permis à aucune femme de sortir de la Chine,?
les Chinois qui se trouvent ici sont obligés d’épouser, des Ja-
vanes. • .. '
# Outre les colporteurs Chinois qui promènent leurs marchan-
dises dans les rues, on voit aussi d e s cure-oreilles ; cë sont
des hommes .qui vous offrent leurs services pour vous nettoyer
les oreilles, opération chirurgicale inconnue , au moins jusqu’à
présent, en Europe : au reste, il faut rendre justice à leur habileté;
munis d’un instrument très-délié , ils -savent ôter avec
une étonnante légéreté l’ordure des Oreillès, et tous les corps
étrangers qui peuvent s’y être introduits. Cette opération très-
salutaire ne cause point la moindre irritation.
Tome T. N n il