
J7jo. S É J O U R A P A R I S ,
mu de, l’if, l’orme, le tilleul, le maronnier, le garni er, le fil aria,
le platane', le poirier, le cognassier, &c. (i)
L ’eau de là Seine qui traverse la ville , incommode souvent
les étrangers-, auxquels elle donne la diarrhée ,par la craie qu’elle
dissout.
Chaque matin des tombereaux emportent les ordures que les
balayeurs rangent au coin des. bornes.- "'
Les maisons"sont, pour la plupart, couvertes en ardoise et
assez obscures, parce que l’on perce les fenêtres dans l’intérieur
même de la muraille , ce qui ne contribue pas non plus
à embellir l’extérieur de la maison. Il y a souvent des balcons
au second et même au troisième. Certaines fenêtres du rez-de-
chaussée et de l’entresol s’ouvrent à coulisses. Les planchers sont
pour la plupart en pierres ou en carreaux, conséquemment froids
et incommodes ; c’est pourquoi l’on met dans les chambres des
pantoufles foùrrées. Les lits sont très-hauts et très-grands, isolés
de la muraille , et il y a beaucoup'de matelas; mais la forme
cylindrique des- traversins ne paroît pas très-commode aux cols
qui n’y sont pas habitués.
Je ne connois pas de ville mieux éclairée que Paris pendant
la nuit. De grandes lanternes qui nef projettent pas d’ombre ,
sont suspendues au milieu des rues , -de distance en distance et à
une hauteur convenable. On y promène et on y crie des fruits,
différentes marchandises et de l’eau, que des hommes vont
chercher à la rivière pour la commodité de ceux qui en sont
éloignés;: ■ ~
Dans toutes les places et au coin des rues , les décroteurs
vous o f f r e n t leur service ; qui n’est pas inutile , parce que les
ruisseaux qui coulent au milieu des rues, et le grand nombre
(1) Acer platinoïdes, monspessula-
num , et oampestre j quercus ilex cocci-,
fera, cupressus sempervirens} juniperus
Bermudiana , taxus, ulmus, oescu-*
lus , cercis , phillyrea, latifolia et media
) pyrus.. çydonia, platanus.
de voitures de toute espèce, entretiennent des boues éternelles
dans cette ville. En Suède ils mourroient de faim pendant les
trois quarts de Eannée. Quand il pleut, les rues sont, pour ainsi
dire, obstruées par les parapluies , dont les Parisiens ne peuvent
pas plus se passer que les Japonnais , parce qu’ils ont presque tou-
jours la tête nue.
On commence à prendre les manchons des le mois de novembre.
Ils sont petits, en étoffes ou en plumes, avec des rubans.
Les gens les moins aisés mangent du pain de froment, et par
ce moyen peuvent se passer de tout autre aliment.
Quand le : froid commence à se faire sentir vivement, lès
femmes du peuple ont du feu dans des vases de grès pour se
chauffer les mains.
Dans les dégels l’eau coule avec tant d’abondance à la Seine,
qu’on ne peut passer dans de certaines rues. :
Les ventes publiques: à la folle enchère :se font quelquefois
en plein vent ,'.et:l’on y trouve duneuf et du vieux. Le prieur,
au lieu de frapper avec un marteau ou une massue, comme eu
Suède, après avoir crié une , deux et trois fois , d it, adjugé,
et on paie sur lé champ.
Les tables ne sont pas toujours garnies dé c o u te a u x e t les "
convives en portent sur eux qui se ferment, .
La police se fait très-bien; le jour comme la nuit les patrouilles
se succèdent'très--fréquemment; il y a presque dans toutes les
rues un commissaire chargé d’accommoder les petits différends.
Comme il arrive dans une ville aussi immense, que des personnes
périssent par divers accidens sans, etre reconnues , on
les transporte dans une petite chambre basse du châtelet, dont
la porte a une petitégrillé. Ceux qui s’apperçoivent de l’ absence
d’un parent et qui n’en ont pas de nouvelles , vont visiter la
Morgue- ( c’est ainsi que l’on nomme cet endroit ) , et y retrouvent
quelquefois-le cadavre de la personne qu’ils cherchent.
Il y a dans ce pays des hommes assez complaisans pour.
T'orne I . F