
bâtiment et un oiseau blanc et bleu, de la grosseur d’une hirondelle
, qui se balançoitsur l’eau. Deux baleines passèrent auprès
de nous , et l’eau ayoit déjà changé du noir au yert, preuve
certaine pour les marins que la mer n’étoit plus si profonde ,
et que nous approchions de la terre.
Le 11 nous vîmes des oiseaux de terre, qu’on distingue aisément
de ceux de mer, en ce qu’ils ne volent pas avec la meme
vitesse, et qu’ils agitent beaucoup plus leurs-ailes. Vers dix
heures on commença à découvrir la montagne de la Table : l’eau
étoit toute verte.
Le 12 , il s’éleva un vent sud-est, qui nous empêcha de
gagner le port, de manière que, pendant plusieurs jours , nous
ne fîmes que louvoyer.
Le i 4 , nous vîmes des souffleurs, des chiens de mer (1} sautant
, et le varech-trompette (2) nager sur l’eau en grande
quantité. Les oiseaux de terre se reposent souvent sur cette
plante.
Le i 5 , une multitude d’oiseaux de mer nageoient devant le
port.
Le 16 , nous abordâmes heureusement à la rade de la baie
de la Table ; et après y avoir mouillé , nous fîmes une décharge
générale de nos canons , et nous nous félicitâmes mutuellement.
Le commandant des forces navales et un chirurgien, vinrent
de la ville ; le premier, pour recevoir les dépêches de la compagnie
, et autres papiers ; le second, pour s’informer du nombre
des morts et des malades- Il s’ en trouva peu de ceux-ci 5 mais
nous avions perdu cent quinze hommes , dont dix étoient morts
à la rade du T e x e l, et deux noyés par accident. Les autres
vaisseaux qui nous accompagnoient ayoient encore été plus
malheureux 5 le Hoenkoop comptoit en tout cent cinquante-huit
morts , dont cent trente-six devant le Texel et ving-deux pen(
1) Fhoca. (2) Fucus iuccinalis.
dant la traversée ; le Guillaume , deux cents trente, et le
Jongé-Samuel, de Zélande , cent trois. '
A peine eûmes-nous mouillé, que notre vaisseau fut environné
d’une multitude d’esclaves noirs, et de chinois, qui
venoient, dans de petites barques , vendre à prix d’argent, ou
troquer de la viande fraîche, des légumes, que les matelots
récevoient avec empressement, pour des habits ou des marchandises.
Parmi plusieurs vaisseaux qui1 nous avoient devancés dans la
rade, j’en vis un suédois, qui avoit amené mon ami le docteur
Sparrmann.
Le 17 , je suivis à terre le capitaine, et j’eus un logement
chez M. Hendrick-Fehrsen.