
Blautve-Berg (1) à gauche ; nous passâmes même sur l'extrémité
de celte dernière. Autour du pied de ces montagnes sont
dispersées quelques éminences, sur lesquelles on n’apperçoit
aucune pierre; elles paroissent pour la plupart formées d’un
sable volatile du rivage de la mer.
Tout le pays est fort sablonneux,.avec des éminences dispersées
de côtés et d’autres. Nous y vîmes encore beaucoup
de mares (2) formées par le reste des pluies d’hiver l’herbe
eommençoit à pousser en abondance ; c’ est pourquoi les maîtres
de la plupart des métairies se bornent à élever des betes à
cornes , sèment peu de froment, et ne recueillent point de
vin : l’eau y est généralement saumâtre et même rare une grande
partie de l’année.
Quelques mares nourrissent des tortues d’eau; quelques particuliers
se plaisent à en conserver dans des bocaux remplis
d’eau , poulies transporter où l’on veut. On prétend, que .quand
il doit tomber de la pluie, les tortues montent vers le haut, du
bocal.
Le soir , nous arrivâmes à la ferme de madame Millier; les
filles de la maison s’étoient fait apporter par les esclaves, plusieurs
tortues de terre , 'pour les manger. Nous, en avions vu
beaucoup sur la route ramper parmi les buissons (3). M’étant
glissé dans la cuisine, pour assister à la préparation de ce mets,
je vis avec peine que les filles avoient la barbarie de renverser
les tortues toutes vivantes sur des charbons ardens. Ces pauvres
bêtes remuoient la tête et les pattes , jusqu’à ce que k chaleur
les ait fait périr. Leurs'oeufs qui forment un volume assez considérable
, et qui n’ont que du jaune,'sont, la partie la plus
délicate et la plus recherchée de cet animal. 1
(1) Montagne bleue. (3) On mango en général l ’espççc
( 2 ) Walley. nommée t e sL u c lo p u s j l l a ,
L £
Le i 3, nous arrivâmes à la Gorge (1) Verte des montagnes,
posté appartenant à la Compagnie, apres avoir passe auprès de
Dassenberg (2 ) , du poste de Burgefs , et de la montagne de la
Gorge Verte. Je remarquai au poste de Burgers , et a Ko-
berg, un canon placé au pied du haut mat d’un pavillon : dans
les momens de danger il sert à rassembler les habitans de cette
partie du Cap.
Le pays est ici couvert de dunes et d’un sable très-épais qui
rend les chemins extrêmement pénibles. Les maisons sont construites
en terre grasse , non cuite, mais taillee par carreaux,
et un peu séchée à l’air, car on y manque de bois.
Après nous être reposés ici quelques jours, nous nous rendîmes
à cheval à Ganse-Kraal, et de-là sur le rivage de la mer.
Je visitai aussi la chaudière à sel située à quelque distance
du rivage de la mer; elle étoit alors pleitje d’eau.
On appelle dans ce pays., chaudière à sel, de grands amas
d’eau salée, qui après l’hiver s’évaporent, diminuent peu à peu,
et laissent un sel que l’habitant de là campagne recueille pour
s’en servir dans son ménage.. La colonie entière n’emploie que
de ce sel, travaillé uniquement par la nature sans le secours
de l’art. Vers la fin de l’hiver, après la -saison des pluies, l’eau
s’évapore, tant par la chaleur que par la violence du vent;
alors de sel se cristallise et tombe au fond. La plus forte cristallisation
a lieu dans les mois de novembre et de décembre ,
vers le milieu du jour, entre dix heures du matin et trois heures
d’après-midi. C’est surtout à cette époque de la journée qu’on
peut observer de quelle manière la surface du sel se coagule,
comme une crème, avant que le poids entraîne ce cristal au
fond de l’eau. Cette croûte est- mince , et donne un sel très-
fin qu’il faut recueillir le -plutôt possible , dès qu’il est cristallisé,
sur-tout avant que le vent sud-est l’ait poussé du côté
£1) Kloof.
Tome I.
(2) Montagne des daims,
l i