
son fils, pour donner la chasse à un lion •: l’animal sauta tout-à-
coup sur le père ; mais il fut tué par le jeune homme ayant
d’ayoir fait beaucoup de mal à son adversaire.
Les anecdotes rassemblées depuis plusieurs années dans la
mémoire des colons, ne sont pas moins nombreuses que les lions
qui en sont l’objet ; je les épargne au lecteur, et je me bornerai
à cellë-ci.
La veuve d’un nommé Wagenard, auprès de Sneeberg , étoit
sortie pour chasser un lion qui efirayoit ses bestiaux; dé lion lui
mangea le bras, et ensuite la tête quand elle tomba évanouie .
il dévora aussi une servante hottentote qui étoit:venue au
secours de sa maîtresse. Les enfans renfermés dans la maison,
avoient vu cet horrible spectacle par les fentes de la porte ; ils
firent un trou sous la porte de derrière, et s’enfuirent à l’habitation
la plus voisine.
De ce dangereux endroit nous nous rendîmes à Daunis, habitation
récemment brûlée par les Boschismans, et dont le martre
s’étoit enfui avec ses gens.
Le pays est plat avec quelques montagnes qui prennent leur
direction du nord-est au sud-ouest; nous avions en face de nous
les montagnes de Rogge-Veld.
On me vanta ici "une racine-d’ombellifere (1), dont les Hottentots
préparent avec de l’ eau et du miel, une liqueur enivrante
; on la~recueille par préférence dans les mois de novembre
et de décembre.
Le i 5, nous côtoyâmes à cheval Drooge-rivier (2); deux paysans
qui nous rejoignirent nous dirent que la veille un lion s’étoit
mis à notre piste, mais qu’il l’avoit quittée pour së jetter sur un
troupeau de moutons.
Le 16, nous longeâmes le pied des 'montagnes de Rogge-
Veld; nous traversâmes une vallée qu’elles forment ,, et que
(i) Umbellaia (moor vortet). (2) Rivière sèche.
l’ on nomme la Porte,' et nous montâmes pour arriver à l’habitation
de Wilh-Steukamp.
On nomme ce pays le bas Rogge-Veld, non pas qu’il soit
plus bas réellement que l’autre Rogge-Veld, mais parée qu’il
est plus éloigné du Cap. Tous deux doivent leur dénomination
à une espèce de seigle sauyage qui est très-abondant auprès des
buissons.
L ’hiver est ici -très-froid; il y gèle et il y neige. Comme il
n’est pas possible que les bestiaux trouvent de quoi' vivre
pendant cette saison, on les conduit à Carro, les habitans
du bas Rogge-Veld qui ont de bonnes maisons, s’obstinent
quelquefois à y rester; mais ceux qui demeurent dans le haut,
ne-peuvent résister, et sont contraints de déloger pendant les
froids, ■!
On ne voit pas ici de forêts ; il n’y a que de petits buissons de
ficoïdes, et de diverses composées, comme les ptérones, les
stébès et quelques otbonnes (1) : leurs chevaux et leurs brebis
trouvent ici d’excellens pâturages, mais il y a peu de bêtes à
cornes,
Ün grès dur et en grosses masses, très-propre à bâtir des
maisons et des(i) 1 kraals, constitue la couche supérieure de la
montagne ; le lit du milieu est une ardoise, comme on le voit aisément
à travers les crévasses; celui-ci est plus épais que le
premier; la couche inférieure est un sable rouge, mêlé d’argille
avec de grosses et petites pierres rondes. Cette montagne n’est
qu’un assemblage d’éminences et de collines , quoiqu’elle n’ait
pas proprement de coteaux très-élevés. Il y a environ trente ans
que les colons s’y sont établis : ces habitations réunies autour
(1) Mesembrianthema. (Les ficoïdes orpins, etc. On les connoît sous le
sont des plantes à feuilles épaisses et nom ,de plantes grasses. ) Pteionice ,
succulentes, comme les crassules, les sloeboe, othonnoe.
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