
nommée Kouke : les colons s’en sont déjà emparés ; mais elle
est si petite, qu’ils n’ont pu y établir que deux fermes.
Le 2g au soir, nous arrivâmes chez Thomas Frère , après une
marche très-pénible. La pluie avoit rendu les chemins très-glis-
sans : les ruisseaux qui coulent dans la vallée , et qu’il nous
fallut passer plusieurs fois à gué , étoient très - profonds ; de
manière qu’il n’étoit pas .toujours aisé de trouver le véritable
passage. Mon cocher eut le.malheur de se tromper dé chemin :
il passa un -courant dans un endroit si creux, que l ’eau 'entra
dans la voiture. Les roues enfonçoient tellement dans la terre
glaise , dont le fond de la rivière étoit composé , que mes boeufs
avoient.peine à nous tirer. Us avoient de l’ eau jusqu’au harnois.
Elle mouilla, mes plantes, mes. insectes ,■ mes;; habits et autres
objets. En arrivant à la couchée, il fallut tout visiter, et j ’eus
une peine incroyable à faire sécher au feu mon butin, dont une
partie- fut perdue.
Je m’etois installe dans cette misérable voiture ,■ parce que
mon cheval étant épuisé de fatigues, je l’avois laissé dans'la
dernière ferme.
Le 3o, nous passâmes par un joli petit bois nommé E.ssen-
bosch (î) ; il doit son nom aux grands ekebergs (2) dont il est
rempli, et qui en langue du pays se nomment essenboom. Ses
feuilles ressemblent à celles du frêne (3). Les babouins mangent
les fruits du grand figuier du Cap (4) qui croît aus.si très-abondamment
dans cette forêt. Comme il ne s’y trouve pas une seule
Terme j nous restâmes toute la nuit au bivouac , couchés le long 1 2
(1) BSis de frêne. par ses rapports/ Voyez-en la figure
(2) Etebergia Capensis. C’est un dans mes lllustr. pl. 358. Lam.
arbre encore peu connu des botanistes j (3) Frdxinus.
il paroxt de la famille des azedarachts (4) Ficus Capensis.
et se rapprocher du guaré ( guàrea ) '
d’un buisson et la tête appuyée sur nos selles, qui nous ser-
voient d’oreillers.
Le premier décembre, nous descendîmes dans la contrée
arrosée par Kromme-rivier (i), qui a tiré son nom des différens
détours qu’elle fait. Cette vallée , qui.n’est qu’une continuation
de Lange-Kloof, se rétrécit insensiblement, et n’a pas , dans
certains- endroits, une portée de fusil de large. Il n’y a presque
pas de terrein plat et uni ; toute cette vallée consisté en pentes
parallèles aux montagnes, d’où découlent plusieurs petits ruisseaux
qui forment la rivière dont nous venons de parler.
Les environs de Lange-Kloof et ceux de Kromme - rivier ,
étoient considérablement peuplés de Hottentots Hejfkoms; mais
il reste aujourd’hui bien peu de ces anciens habitans.
' Les montagnes situées1 à l’extrémité droite delà vallée, commencent
à multiplier leurs pointes et à s’abaisser; elles ne
vont pas même jusqu’au rivage de la mer. Les deux filés de'
montagnes qui forment la vallée , décrivent une courbe assez
considérable du côté du sud-est.
Nous vîmes les montagnes. de( Lange-Kloof et de Kromme-
rivier , se terminer auprès de la ferme de Vermak : 1 elles sont
séparées du rivage par une étendue de terrein assez considérable
qui va jusqu’aux bains chauds d’Olifant.
Les deux chaînes de montagnes de Boekevéld se terminant
ici, nous n’apperçûmes que celle d’Olifant sur la gauche , qui
prend sa direction vers l’est-ouest-nord-ouèst : elle est entremêlée
de quelques éminences, qui vont de l’ ouest au nord-ouest,
mais qui ne sont pas longues, La première paroît avoir une
certaine étendue; mais on s’apperçoit aisément'qu’elle,se termine
par différentes pointes , à différentes distances. ’
Les montagnes de la gauche se nomment montagnes de Zée-
koe-rivier (2) , et aboutissent à la ferme d’Isaac Meyer que
(1) Rivière tortueuse. (2) Rivière de l ’Hippopotair.e,