
des autres nations de l’Inde ; cependant on les entend rarement
crier : on les laisse souvent jouer par terre ou sur un tapis ,
jusqu’à ce qu’ils aient appris à se tenir debout et à marcher
en s’aidant de leurs pieds et de leurs mains.
Jamais on ne les emmaillotte ni on ne les lace ', aussi- sont-ils
très-adroits et bien dispos : je n’ai pas vu parmi eux un seul
infirme ou estropié.
Us s’asseyent ordinairement les jambes croisées sur un tapis
étendu par terre, et quelquefois tout simplement sur leurs talons
dans les chemins ou dans la rue : ils saluent à la manière des
autres peuples-des Indes , en joignant les mains et les élevant
jusqu’au front : ils mangent avec leurs doigts , sans couteau
ni fourchette.
Us ont différentes armes offensives : la principale est. le
ir is ( 1 ), espèce de couteau de chassé , que lès hommes de
tout rang portent attaché à un ceinturon sur la hanche droite ;
les hommes du peuple le placent positivement derrière eux
sur leurs reins : la lame'• seule. sans la poignée a une demi-
aune de long et deux doigts de large ; elle est tranchante des
deux côtés , tantôt droite et tantôt tortueuse comme une épée
flamboyante ; elle est quelquefois matte comme du plomb avec
des veines polies, et 'généralement damassée et même empoisonnée.
Cette lame entre avec facilité dans un fourreau de
bois peint, et recouvert assez ordinairement d’une mince lame
d’argent ou d’or : la poignée est d’une forme si singulière, que
j ’engage mes lecteurs à consulter la gravure qui représente cette
arme , plutôt que de leur en donner une description qui seroit
peut-être inintelligible.
J’ ai vu vendre chez quelques marchands une espèce de sabre
(i) Ce mot est matai, et les Belges
l’ont adopté, selon Reland, pour indiquer
également une épée. Voyez
ci-dessus le Vocabulaire malai. ( Réd. )
dont le.dos de la lame étoit très-épais , long de plus d’une
aune et tres-pesant, avec une poignée de bois ou de corne.
■ -Le badi est un petit poignard avec une poignée courbe, et
dont la lame a un quart’ d’aune de long : on le porte à la ceinture,
comme le iris.
Les gens du peuple , et sur-tout les valets, portent une autre
arme nommée voudong, comme une marque dé soumission
et de respect : la lame , courte et -large, ressemble à un couperet
à hacher dé . la viande ; le fourreau dans lequel on l’enferme
est ordinairement en bois et garni sur le côté d’un ressort
de corne , par le moyen duquel on l’accroche à la ceinture
par derrière. Cet instrument sert à fendre , à couper le bois ,
et à se frayer un chemin à travers les épais taillis de l’île.
Les Javans ne portent pas de surnom , mais ils -changent
leur nom dans certaines, circonstances, : un père, par exemple,
s’empresse de prendre le nom de son fils ; ainsi si celui-ci se
nomme Ti.oso , .le père se fera appeler happa Tioso, ( père de
Tioso) , et quand il lui vient plusieurs enfans de suite, il prend
toujours le nom du dernier (1).
( i)L e même usage se retrouve chez
les Arabes, qui ne manquent jamais
de prendre le nom de leurs fils , pour
annoncer qu’ils ont l’honneur d’être
pères : car les peuples qui ont des
moeurs ont toujours méprisé la stér
ilité , et sur-tout le célibat. Le plus
cruel reproche que les ennemis de
Mohhammed lui firent, celui auquel
cet ambitieux parut sensible , c’étoit
de n’avoir pas d’enfans. Il en eut cependant
un nommé A l Qassem, qui
vécut sept nuits y et ce fut assez pour
qu’il se fît appeller Ab oui - Qassem
( le père d’Al-Qassem mais, ce vain
surnom ne le consolait pas du sobriquet
injurieux à’âbtar (sans queue,
c’est-à-dire , sans postérité ) , que lui
donna un Arabe nommé A 3las. Il fallut
que ' l’ange Gabriel vint consoler le
prophète en lui remettant un chapitre
du Qorân, qui prédit la même privation
à son ennemi. Vo yez Aie or an r
ex edit. arabico-latin. p. 54y. Surat,
CVIII. Abulfed, Hist. Mohhammed.
ex edit. arab. latin. Gagnier, pag\ i 4 j .
(Note du rédacteur.) ■