
nos pas pour le chercher; en outre, nos chevaux harrassés de
fatigue, ne pouvoient suivre nos guidés au milieu des.montagnes;
il fallut donc les ahandonner : nous finîmes "par nous écarter
du sentier, de manière que nous nous estimâmes très-heureux
de regagner la ferme , quoique nous eussions fait inutilement
beaucoup de chemin. Nous parcourûmes'à cheval-une
grande partie du pays chaud de Boeck-veld : la soirée précédente
, nous étions descendus à une grande-et belle ferme,
riche en bestiaux , en lait et en beurre, appartenant à Pierre
Funère.
Nous n’avions pas d’autre chemin de-là pour nous rendre
à Roodesând, que par Mosterts - hoek, vallée fort basse et
étroite , bordée des deux côtés par de hautes montagnes. Ce
voyage étoit dangereux à l’époque où nous nous trouvions -; car
il nous falloit passer à gué des ruisseaux larges et remplis d’eau.
Nous louâmes donc un guide pour franchir ce passage dangereux
; connoissant bien les lieux , il devoit marcher devant nous
à cheval, et nous indiquer les endroits les moins dangereux.
Nous repartîmes le 22.
Dès l’entrée de Mojterts-hoek commence un chemin pierreux,
montagneux et escarpé : nous passâmes'à gué plusieurs bras de
rivières' et des ruisseaux , tels que Brug-drift ( 1 ) -, Stroom-
drift (2) , Else-rivier (3) et Diep-drift (4) et autres courans ,
dont'la réunion forme la grande rivière large. L’eau touchoit
au ventre de nos chevaux. Ils avoient aussi beaucoup dé peine
à marcher, à cause des grosses pierres 'rondes détachées de la
cime des rochers voisins et dispersées dans le fond des ruisseaux.
Le courant étoit quelquefois si violent , que les: chevaux
n’y résistoient qu’avec beaucoup de peine.
Nous arrivâmes enfin heureusement chez de Wett à Roode- *4
(jl) L e torrent du pont.
(2) Torrent du flux.
("3) Rivière , d’unè aune.
(4) Torrent profond.
sand. Nos boeufs s’étoient déjà un peu reposés dans ses étable's ;
ils avoient même repris Be l’embonpoint et des forces suffisamment
pour continuer.le voyage.
Le pays de Roodesând a pour limite , du côté du nord, Win-
ter-hoek (1), qui le sépare d’Olifants-kloof (2). Cette dernière
entrée étoit encore couverte de grêle en différens endroits.
Je visitai plus exactement cette année, la montagne de Win-
ter-hoek , et je montai sur ses plus hauts sommets. On y voyoit
en abondance le buisson à mouche ; le rare protée (3), dont
la fleur ressemble à la rose, et ne croît que-dans cet endroit.
D’un côte de la montagne est une belle cascade , dont l’eau
tombe perpendiculairement. Une grotte remplie de différens
buissons est creusée au pied de la montagne. J’avois grande
envie de, la visiter, mais l’ennui de faire un grand détour me
détermina à hasarder un saut de dix à douze brasses ; les
buissons me soutinrent, et je fus assez heureux pour ne me faire
aucun mal. Parmi.les plantes précieuses qui poussoient dans cet
endroit, je remarquai la disa bleue (4).
Cette montagne renferme de larges lits d’une belle ardoise
rouge en feuilles fines. Il y en a de très-gros morceaux qui se
sont écroulés avec d’autres pierres semblables à du marbre. Je
fus un peu étonné dé ne pas trouver sur toute la montagne de
la pierre à chaux, du marbre , des pierres àfusil et un filon de
plâtre que j’avois remarqués dans la montagne voisine d&Hex-
rivier.
(1) Coin d’iiiver.
(2) Défilé des eléplians.
( 3) P r o t e a n a n a . P r o t e a r o s a c ea .
Illustrât, gen. na. i a 5l . L innée avoit
donné le même nom à cette te lle plante
, et ce nom lui convient parfaitement,
à cause de la conformation de
sa fleur. J’ignore pourquoi 1YI. Tliun-
berg l ’a change pour l ’appeller p r o t e a
n a n a , nom qui convient mieux à l ’espèce
n°. 1208 de mes I l lu s t r a i . Lam.
(4j D i s a cæ r u le a . Belle plante de
la famille des o r c h id e s . V o y e z l ’article
D i s a dans mon D i c t io n . Lam.
L 1 2
SÉfcvS