
La plupart des maisons de la Tille et de celles de la campagne
, comme je l ’ai déjà observé , sont couvertes avec cette
plante qui sert même quelquefois à faire des chaumières ; ces
toits durent vingt et trente ans , et dureroient encore davantage
si le vent du sud n’y introduisait beaucoup d’ordures qui en
accélèrent la pourriture.
Les buissons à cire ( î) , sur lesquels j’ai déjà donné quelques
détails, croissent abondamment àMuysemberg (2), lieu élevé
et situé sur le bord de la mer.
Son fruit est parfaitement rond, rabotteux, mou et gros
comme un pois; sa couleur naturelle est un noir fonce. Mais la
poussière qui le couvre, lui donne une teinte grisâtre ; il mûrit
au mois de mars. Alors on le cueille, on le fait bouillir dans
l’eau, jusqu’à ce que la poussière blanche soit fondue et nage
sur la surface de l ’eau, comme de la graisse; on la retire avec
une écumoire , et quand elle est refroidie , elle a presque la
consistance de la cire; elle prend alors une couleur de gris-verd
ou de cendre. Quand les colons parviennent à en ramasser une
certaine quantité, ils en font des chandelles, et les Hottentots
en mangent comme du fromage!
Dans le printems on voit fleurir les'chênes, les abricotiers,
les amandiers et les pêchers,
La fleur du chêne ne paroît qu’après ses feuilles ; mais dans
les autres arbres elle les devance.
L ’olivier (3) croît sur toutes les collines situées hors de la
ville , et même ailleurs ; il a des feuilles plus étroites que celui 1
(1) Myrica cordif oUq-.
(2) ’Montagne aux souris.
(3) Olea Eurqpea. D ’nprès les rameaux
que y ai reçus du Cap de cet
o liv ie r, j ’observe qu’il a les grappes
dp flpurs plus lâches que celui d’Europe,
et les feuilles plus alongées et
semblables à celles de mon olea lan-
cea ( Illustr. n° 78 ). Je le regarde
néanmoins comfhe une variété de l’ov
livrer d’Europp. Lqm-,
d’Europe, et son fruit qui parvient rarement à la maturité,
ne peut servir à faire de l’huile ; mais on l’emploie avec succès
contre la diarrhée : il a tant de conformité d’ailleurs avec
nos oliviers , qu’il ne paroît pas former une espèce différente.
Le tamarin, par son acide, supplée ici au vinaigre; et voici
de quelle manière : on met des pulpes dé tamarin un peu séchées
au soleil, sur des tranches de boeuf qu’on fait cuire ensuite
dans la poêle ;. elles ont un excellent goût.
L’oursine (1) est une plante basse , sans tige , qui ne, s’élève
point du tout. Elle croît sur les collines situées au pied de la
montagne et tout à l ’entour de la ville. Les pointes aiguës
dont sa semence, est hérissée quand elle est parvenue à sa maturité
, incommodent beaucoup les esclaves qui marchent pieds
nuds.
Sur les collines du Cap croissent la clifforte à feuilles de fra-
gon, et la borbonne lancéolée (2), qui ressemble beaucoup au
genévrier , et dont lés pointes , comme celles de la polygale
héistère (3) , piquent les passans qui en approchent de trop
près.
L’asperge du Cap (4) , avec des pointes recourbées ; déchire
aussi les habits. C’est pourquoi les habitans l’ont nommée atten~
dez un moment (5).
La tulbage alliacée (6), qui croît dans le sable hors de la
ville et dans plusieurs endroits du pa ys, s’emploie avec succès
contre l’éLhysie, cuite dans l’eau ou mêlée dans une soupe.
Le laurier sert à faire des haies si épaisses qu’on ne peut voir
à travers. Elles cèdent aux efforts des ouragans sans se rompre.
Les choux-fleurs acquièrent dans les jardins du Cap, et dans
fl) drctopus echinalus. (4) Asparagus Capensis.
(a) CLiJfortia ruscifolia et borbonia (5) ÏVaclit etn beelje.
lanceclata. • (6) Tulbagia alliacra,
(èj Polygala heUteria.