
On compte à Batavia six églises , dont deux réformées,
une luthérienne , une portugaise , une pour l’hôpital, une dans
la citadelle, et une autre portugaise hors dès murailles'. Les prêtres
qui desservent ces églisés jouissent d’une grande considération
èt d’un ample traitement.
Batavia n’ a pas été bâtie sur les ruines de- Jaccatra (1) ,
ancienne capitale de l’isle avant-qu’elle ne fut conquise, par les
Hoilandois (2); mais elle est plus près de la mer, et Jaccatra
n’ est plus qu’une redoute ou poste avancé.
Le' "a4 mai on tira le canon autour de la ville, en mémoire
de la prise de Jaccatra, qui eut lieu le 10 mai 1619, vieux-
style.
La citadelle est très-vaste, et mériteroit une- description détaillée
et particulière. Elle est située à F une des extrémités de
(1) Quoiqu’en dise l ’abbé Pluc-be
dans sa Concordance, de la Géographie
des différens âges, page. 80, sans doute
d’après. Y Ambassade de la Compagnie
des Provinces-Unies vers l’empereur
de la Chine, page 52. On eonnoît
l ’inexactitude dû texte et des gravures
de-^e dernier ouvrage ; Nieuhoff ne
mérite pas plus de confiance que son
dessinateur-. Note du rédacteur.
(2) Jaccatra se nommoit anciennement
Sunda Calapsa, ou plutôt Calap-
pa r parce que l ’on faisoit dans cette
place beaucoup d’eau-de-vie- de- coco
(ou noix' des.Indes, àppellée calappa
en langue javané et malaise ). Elle
est à la hauteur de 5 degrés 4o minutes
de latitude, etrenfermoit, en i 5g6 , du
temps des Portugais, environ 3oot>
maisons. Les Portugais et les Anglais
y firent le commerce des épices jusqu’en
162g } époque ou éclata leur Jalousie
contre les Hoilandois. Les deux
partis en vinrent aux mains. Les Anglais
, quoique soutenus par les, J a-
vans, furent battus.5 les vainqueurs
détruisirent la capitale de l’î l e , et en
construisirent une autre plus voisine de
•la mer, à laquelle ils donnèrent l ’ancien
nom latin de là métropole. Néanmoins
, les. Anglais conservèrent une
factorerie à Bantam Jusqu’en 1682,
que la Compagnie hollandoise les expulsa
compïettement de Java, et s’empara
exclusivement du commerce de
cette île.. Voyez Ormes’ s historical fragments
of the Mo gui empire , âc. p . i 68,
et note ) 5, page cx.vj et suiv. Recueil
des Voyages de la Compagnie des Indes
, tome I , page 296 , 3ig et suiv.
tome V , page 102 et suiv. Note du rédacteur*
la ville , du côté de la mer, et renferme de magnifiques magasins.
appartenans à la Compagnie. On y conserve, le r iz , le vin,
les autres grains et boissons , munitions et approvisionneraeus de
toute espèce, destinés à cet établissement et à ceux des Hollan-
dois dans les Indes, ainsi que les épices .et autres denrées pour
l'Europe. •: ƒ Cgi «
. On a aussi établi j dans, la citadelle , une imprimerie pour le
service, de la Compagnie (1), une nombreuse, bibliothèque ,
dont, le catalogue a paru en 1762, un dépôt d’archives, les bureaux
de comptabilité , un laboratoire., chymique , où je vis distiller
de l’huile de gérofle assez bonne, quoique les clous fussent
gates. A la vérité , ils ne rendirent pas beaucoup.
Je remarquai, hors de la ville , l’observatoire que le ministre
Mohr (2) a fait construire pour ses observations astronomiques.
Depuis la mort de ce savant, le bâtiment est abandonné.
La rade est spacieuse , mais bourbeuse ; il y a continuellement
un vieux batiment nommé vaisseau de garde, sur lequel
les chirurgiens sont commandes de service pendant quatre nuits
de suite. On peut s’exempter de cette corvée moyennant deux 1
(1) Parmi le s ouvrages inléressans
sortis de ces presses, je dois indiquer
lés Verhandelingen vanhel Bataviaasch
genootschap, &e. 1784. (.Me771. de la
Soc. de B atavia sur les Sciences'), dont
nous possédons déjà quatre vol. in-8°.
remplis de notices précieuses sur la
géographie, l’h istoire, et principalement
le commerce et les productions
des Indes. Je me propose d’extraire et
de traduire les morceaux qui me pa-
roîtront d’une utilité générale, pour
les insérer dans mes Mémoires Asiatiques
, ou Abrégé des Transactions de la
société de C aient a, âc. dont les deux
premiers volumes sont sous presse.
Note du rédacteur.
(2) On venoit de finir cet observatoire
quand Bougainville surgit à Batavia
en octobre 1768 : il a coûté des
sommes immenses ; mais le propriétaire
étoit riche à millions, et en même
temps estimable par ses connoissances^
et son goût pour les sciences. Il observa
le passage de Vénus, et envoya ses
observations à l ’académie de Harlem.
Elles pourroient servir à déterminer
arec précision la longitude de Batavia.
Voyage autour du Monde, tome II ?
page 368, Note du rédacteur t