
amené à ses dépens un artiste qui dessinoit les objets d’histoire
naturelle les plus rares.
Le gouvernement du Cap ayant résolu d’envoyer cette année
un vaisseau à Madagascar , pour y acheter des esclaves, le
gouverneur me proposa de faire ce .voyage, en qualité de_ premier
chirurgien : j’ aurois eu le plus grand plaisir.a visiter cette
isle immense et célèbre, si depuis long-tems je n’eusse conçu
le projet de parcourir la partie septentrionale de l’Afrique : je
remerciai donc le baron de Plettemberg, et lui présentai, pour
me remplacer , mon compatriote et ami, M. Oldenburg, qui,
depuis deux ans,faisoit des voyages pour se perfectionner dans
la botanique. M. Oldenburg fut reçu en qualité d’assistant ; mais
il ne put résister à la chaleur du climat , et périt dans oette
isle mal-saine. ' .
Il m’en coûtoit beaucoup de laisser échapper une occasion qui
probablement ne se représenteroit jamais, l’isle de Magadas'par
étant sur-tout si peu connue; mais j ’avois formé le dessein
de visiter complètement l’extrémité de d’Afrique-, dans tous ses
points et dans toutes ses dimensions, et j’avois vu différens
objets provenant de ces contrées, qui augmentoient encore mon
envie. Entre autres choses , le conseiller Berg m’avoit montré
une plante singulière ( 1 ) , qu’un colon lui avoife'envoyée ,
* comme curiosité rare : on la nomme: dans le pays , Jachals-
Kost (2). En anatomisant ses fleurs , je vis. que c’étoit une des
(1 ) Hydnora Africana. Apjiyteia hyd-
nora. Linn. fils, Suppléra. page 3oi.
C’est en effet une plante bien singulière
, en ce qu’elle n’a ni tige ni feuilles
et qu’elle ne consiste qu’en une
grande fleur sessile^,' qui sort de la
terre , comme la clandestine. Cette
fleur est solitaire , droite ; charnue ;
coriace , infundubiîiforme , semi-lri-
fide. Oh rapporte, cette plante à la mo-
nodelphie triandrie, dans le système
sexuel. Voyez-en la figure dans mes
Illustrât. pL 586 , d’après celles de
M. Thunberg et de G æ r t n e r . Larji,
(2) Le manger du laçai.
plantes
D E L ’ A U T E U R. ' . 329
plantes les plus intéressantes que j’aie découvertes jusqu’alors.
II 11 en falloit pas davantage pour me déterminer à presser
mon départ, afin de'pouvoir examiner cette plante, et plusieurs
autres, dans leur pays natal. .
Je fis donc les memes préparatifs que les années précédentes,
et j ’eus pour corn pagnon de voyage M. Masson, maître jardinier
anglois , qui n’avoit pourtant pas envie de faire cette
année de longues courses.
Tome I. T t