
Les environs de Van-stades-rivier produisent les plus beaux
arbres que l’on çonnoisse dans tout le pays. Il y en avoit cependant
fort peu en fleurs. .
Le bois, de zagay (1) dont les Hottentots et les CafFres font
les manches de leurs javelots , est ici très-abondant; ses petites
fleurs commençoient à se développer : nous avions le pénible
plaisir de voir des papillons voler sur la cime des arbres* sans
pouvoir en attraper un seul.
Pendant notre marche , je remarquai un amas de branches
d’arbres, sur lequel les Hottentots , en passant, jettoient encore
d’autres branches. J’appris que ç’étoit le tombeau d’un Hottentot.
Nous restâmes quelques jours chez Jacob K o k , pour faire
sécher les feuilles les plus épaisses et les plantes tes plus juteuses
de notre collection : nos boeufs profitèrent de ce séjour
pour se reposer et reprendre un peu d’embonpoint.
Quoiqu’on ait planté de la vigne ici et du côté de Krum-
rivier, les raisins n’y parviennent pas à-leur maturité et ne
produisent qu’un vin si aigre qu’on ne peut même le boire. Les
paysans en font de l’eau-de-vie , qu’ils vendent avec beaucoup
d’ayantages.
Comme, les réformés ne célèbrent pas les fêtes de Noël, et
qu’ils continuent de vaquer à leurs travaux ordinaires, nous
poursuivîmes notre marche pendant ces fêtes, pour nous rendre
à Krum-rivier et à Lange-Kloof, vis-à-vis la ferme de Thomas
Frère, auprès de laquelle passe un chemin propre, aux voitures
et qui aboutit à Sitsi-Kama.
Les cultivateurs suppléent ici d’une étrange manière à l’usage
des brouettes , qu’ils ne peuvent établir faute des outils nécessaires.
Ils transportent l’engrais de leurs jardins dans des sacs
faits de peaux de veau .ou de mouton. (l)
(l) Curtisia faginea.
R E T O U R A U C A P ,
Du s8 décembre 1773, au i 4 janvier îy ji-
N o u s arrivâmes' le 28, chez Hannes Olofson, et nous en
partîmes à cheval pour passer la montagne à droite et nous
rendre chez Anders Olofson, à Riet-valley , dans la Caménassie,
pays étroit, situé entre les montagnes, et parsemé d’éminences,.
Il est aussi élevé que Lange-Kloof, mais sec et maigre. '*
Les Hottentots me montrèrent ici une plante qu’ils nomment
neuta (1) et qui passe pour être le poison des moutons, aussi-
bien qu’un buisson du même genre (2), mais qui appartierit à
une autre espèce.
Le 29 , nos chevaux nous conduisirent chez Pierre Jordans à
peu de distance des bains'chauds d’Olifant et de la rivière orientale
des éléphans.
Le chemin traverse les campagnes de Carro, qui n’ont que.
peu d’eau, peu d’herbes,;et où il n’y a que quelques,buissons.'
Celui que les Hottentots nomment Kon (3) est un ficoïde qui
a une grande réputation parmi eux ; ils viennent de très-loin
en chercher la racine , la tige,et les feuilles, les écrasent et
. (1) Zygophyllum herbacèum. C’est
une nouvelle espèce de fabagelle dont
M. Thunberg n’a pas encore publié les
caractères. Au reste , je ne suis pas
étonné qu’elle soit regardée comme un
poison pour les moutons , ainsi que la
fabagelle à feuilles sessiles ; car j’en
connois d’autres espèces que les troupeaux
ne veulent jamais brouter. Il
y a apparence que toutes les espèces
de ce genre ont une certaine âcreté
qui les rendroit nuisibles aux bestiaux
qui les brouteroient. Lam.
(2) Zygophyllum sessilifolium.
' (3) Mesembryanthemum emarcidum.
Ce ficoïde est encore une espèce inconnue
des botanistes, et dont M. Tliun-
berg leur procurera sans doute la connaissance.
L’usage qu’eii font les Hottentots
, augmente l’intérêt que ce végétal
inspire par lui-même, Lam.