
Après un léger déjeûné, nous allâmes aux bains chauds , situés
à quelque distance de la ferme. Le chemin qui conduit au pied
de la montagne est bas., marécageux et pénible.
Les bains chauds d’Olifant se nomment aussi bains d’Engela,
parce qu’un fiscal nommé Engelmann, les fit nettoyer , et bâtit
aux dépens de la Compagnie une belle maison de pierres pour la
commodité de ceux qui viennent prendre les bains. Les sources
de la fontaine viennent du côté oriental de cette longue chaîne
de montagnes, un peu au-dessus de la base de la principale1,
dans une vallée qui tourne vers le sud en y formant une gorge
transversale. Quoiqu’il y ait plusieurs sources , on en distingue
particulièrement trois, qui conduisent leurs- eaux dans différentes
petites cabanes séparées , tant pour les colons que pour leurs
esclaves et les Hottentots. Chaque bain est garni de trois ou
quatre marche-pieds sur lesquels le malade peut s’asseoir : il y a
aussi un lit de camp en planches pour s’y coucher pendant la
transpiration.
L’eau n’est que tiède et non pas bouillante 7 elle n’ a point
de goût ni de dépôt, on ne voit dans ces ruisseaux qu’une plante
verte (1). Ils sont de la même espèce que ceux de Brand-val-
ley (2) , décrits dans la première partie de mon -voyage (3). On
peut y laver du linge -comme dans la première , sans qu’il contracte
la plus légère teinte. On y fait cuire des mets qui ne prennent
pas non plus de goût 5 le papier bleu du sucre , trempé dans
cette eau , ne change pas de couleur.
Les fermes situées ici produisent du vin , possèdent des vergers
et de bons pâturages pour les bestiaux.
Lamontagne située à droite, sépare la plaine des Antilopes (4)
de cette vallée, et paroît-former cinq coteaux considérables,
divisés par de profondes vallées. Un coup de fusil que -nous y ti- 3 4
(1) C o n f e r v a .'
(2) Y allée brûlante.
(3) Voyez plus haut,
(4) B.eke-W-eld.
rames fut répété plusieurs, fois par l’écho , comme le retentissement
d’un coup de tonnerre. On désigne ici sons le nom de petite
montagne de la Table une montagne assez élevée, plate sur
son double sommet et sur les côtés : vers le .sud-est elle finit en
pointe.
Le U nous passâmes à cheval auprès d’André Labbes
ferme dépendante d’une autre plus considérable, qui appartient
à Pierre Gans.
On a si b-ien expulsé les lions et autres betes féroces de .ces
montagnes, qu’elles viennent rarement incommoder les villageois
, qui n’én paient pas moins encore un ancien impôt, nommé
.argent du lion et du tigre , à raison de quatre rixdalles pour le
lion, et dix florins pour le tigré. Cette caisse fut formée à l’époque
du défrichement de la contrée-, parce qu’ alors les hahi-
tans , extrêmement incommodés par ces animaux , payoient la
somme que nous .venons d’énoncer à ceux qui en tuoient o.u -en
prenoient de vivans. Depuis leur destruction, il n’y a plus que
■ les colons très-enfoncés dans les terres qui aient droit à cette
“ prime, encore n’en profitent-ils pas , car on exige qu’ils conduisent
l’animal vivant au Cap ; condition impossible à remplir.
Mais quoique la cause de l’impôt n’existe plus , on ne continue
pas moins à le percevoir comme les autres.
Outre le fermage de sa métairie , le colon paie: annuellement
quatre rixdalles pour la bougie , un sol de Hollande pour
chaque cheval, et un florin pour chaque centaine de moutons.
Tout bourgeois , riche ou pauvre., propriétaire d’une ferme
quelconque , est imposé à une certaine somme pour l’ entretien
des chemins , des rues , des ponts et des bacs., soit .qu’il y
passe ou non. Mais en récompense il n’a rien à payer pour la
construction et la réparation des chemins ; il est exempt de la
dixme , des fournitures relatives à la .guerre , et n’ est pas obligé
de prêter des chevaux pour la poste ou pour les voyageurs.
Je remarquai ici une fille qui gardoit depuis trois ans un mau-
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