
les plus grands dangers à passer plus loin que Swellendam. Les
élép'lians yenoient en troupes jusqües dans lés environs du Cap ;
de manière qu’on pouvoit-en tuer en se promenant. Il en abattoit
régulièrement quatre ou cinq par'jour 3 quelquefois douze ou
treize 3 enfin , il lui est arrivé d'eux fois d’en tuer vingt-deux
dans une journée. Il n’y a guère, que les bons tireurs qui aillent
à lâchasse des éléphans. Il faut que l’animal tombe du premier
coup : si la balle frappe au pied de devant et vient à se briser,
il faut en lancer une seconde 5 le chasseur visé toujours à travers
la poitrine. Les balles doivent être composéés de trois quarts
de plomb é t d’un quart d’étain, pour leur donner plus de solidité
3 elles pèsent un quarteron. Je n’ ai pas besoin de dire qu’un
fusil de ce. calibre est d’un poids considérable.
Les-dents des éléphans mâles pèsent de trente à cent-trente
livres; la Compagnie lés paie un florin,1a livre. Mais il est tems
de reprendre notre itinéraire.
Je trouvai la contrée très-froide et riche en pâLurages 3 les
ruisseaux qui sortent des crévasses des rochers, y entretiennent
la fraîcheur et l’abondance. .
Les montagnes qui se prolongent jusqu’ici depuis celles de
Hottentots-Holland, s’abaissent un peu plus loin, et ne forment
plus que des éminences isolées, et disparoissent entièrement.
Le 5, nous passâmes à cheval auprès de la ferme de George
Bota, un des fils du vieillard dont je viens de parler 3 ensuite
auprès de celle de Blankenberg (1) * nous fîmes halte a K.eur-
boours-rivier.
Je vis ici un singe qui venoit des bois d’Houtniquas 3 il ressem-
bloit un peu au callitriche (2). Il avoit les pieds noirs , l’extrémité
de la queue brune, et le scrotum bleu comme du vitriol de
cuivre. " . ;
( i l Montagne blanche. (2) Simia scfboea.
Enf in,
Enfin, nous allâmes par Swellendam- (1) , nous reposer quelques
jours au poste de la Compagnie , situé auprès de Buffel-
jagts-riyier (2). ; ,
Ce poste fut d’abord établi pour la sûreté des colons qui fai-
soient des , défri chemens dans, les environs , et établissoient des
■ fermes pour y élever des bestiaux 3 c’est pourquoi on y construisit
d’abord une redoute gardée par sept hommes et un caporal.
Mais les Européens s’étant multipliés et ayant chassé les
Hottentots, ces défenses devinrent inutiles"; la redoute fut
métamorphosée en étable à bestiaux 5 et les soldats furent
occupés à abattre, dans la forêt nommée Groot-Vaders-Bosch (3),
des bois de menuiserie pour les bâtimens de la Compagnie. On
en conduit une voiture tous les trois mois à la v ille , sans
compter ce que les employés vendent, à, leur profit.
Les Hottentots que l ’on emploie aux différens travaux de cette
ferme , sont les. restes d’une nation autrefois très-nombreuse.
On découvre dans le lointain, en face de la ferme, du côté
du rivage , une montagne nommée Potteberg (4) , qui est éloignée
d’environ six milles;
Je remarquai ici une singulière espèce de sauterelle de couleur
rougeâtre avec des demi-ailes, qui venoient en grand nombre
chercher leur nourriture. sur les buissons; elles ont sous l’estomac
une humeur glaireuse, semblable à du savon mousseux :
l’insecte en est barbouillé.; elle' s’attache aux doigts et se renouvelle
à mesure qu’on l’essuie. D’après cette observation, jè
crus pouvoir nommer cette sauterelle gryllus spumans. Quoique
nous en ayons beaucoup vu pendant toute la journée dans une
(1) Swellendam est une colonie gouvernée
par son landrost ou sénéchal.
Elle doit son nom à Swelling , rebel,
gouverneur du Cap à l’époque de son
établissement. Le premier sénéchal fut
Jlennis ; le second, Onaçk, qui vit
Tome I .
e n c o r e , m a is q u i a d o n n é sa démis-*
s io n ; e t l e t r o i s ièm e , q u e j ’y v is en
177-3 , s e n om m o it M en t z .
(2) R iv iè r e d e la ch a s se a u x b u ffle s ,
(3) B o is d u g r a n d -p è r e .
(4‘, M o n ta g n e d e t e r r e à p o t .
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