
Leur existence étant principalement fondée sur la chasse ,
elle est pour eux un amusement et une occupation de la dernière
importance. Outre les. chasses particulières il y a des
battues générales- faites par des villages entiers, soit pour, se
procurer du gibier, soit pour se délivrer de quelques betes féroces
, dangereuses pour leurs troupeaux. Alors chacun sort de
sa. hutte , et ils. marchent en masse contre l’ennemi commun.
En parlant de différens objets d’histoire naturelle, j’ai déjà
indiqué quelques-uns. des mets favoris des Hottentots ; -ainsi
l’article de leur cuisine ne sera pas ici très-étendu.
Leur principale nourriture consiste en tranches de buffle fumées
et légèrement grillées sur des charbons, pu cuites à demi
dans la cendre. Ils les mangent sans pain , et ne s’apperçoivent
même pas de la mauvaise odeur de celles qui sont corrompues,
Ils mangent aussi les vaches stériles, et c’est un mets, privilégié
permis sèulement aux gens mariés.
La'graisse est une de leurs grandes friandises ; non-seulement
ils en mangent avec délices, mais ils peuvent même en boire, sans
être incommodés.
Leur sobriété et la salubrité de leurs mets dans lesquels il
n’entre nul assaisonnement, les préservent des maladies. Quant
aux blessures qu’ils peuvent recevoir, il est rare qu’il, en résulte
des plaies- envenimées. Cependant j’ai vu un vieil Hottentot
qniavoitun ancien érésypèle à la jambe, qui paroissoit de tems
en tems , et dont le ronge foncé contrastoit avec le fond noirâtre
de sa peau. Ils sont tous parfaitement bien faits, et à peine
ont-ils une idée des difformités corporelles si communes, parmi
les Européens.
L ’esquisse que nous venons de tracer des .facultés intellectuelles
des Hottentots, nous dispensent de parler de leurs con-
noissances scientifiques et historiques. Elles sont à-peu-près
.nulles. Le nouvel an , par exemple,. qui forme , pour la majeure
partie des nations les moins civilisées, une époque intéressante,
n’-èst pas même connue des-Hottentots. Ils ne font nulle attention
aux opérations périodiques et régulières de la nature. Un
des plus grands efforts de leur intelligence est d’observer l’époque
de la croissance et de la floraison de certaines plantes à oignons.
Ils n’ont pas.cependant d’autre almanach.pour .calculer le tems
et leur âge , avec une telle inexactitude , qu’ils ne connoissent
pas la durée de la vie de l’homme. !
Il seroit très-inutile de chercher chez eux des monumens..antiques
, pour connaître l’ancienneté de leur pays , l’époque de
sa population , l’origine de ses habitans ét les révolutions qu’il a
éprouvées. La contrée n’offre aucun vestige de ville ou de château
ruinés. Les habitans ne donneroient pas l’explication des
cérémonies qu’ils pratiquent. A peine se ressouviennent-ils de
ce qui est arrivé chez eux antérieurement à la génération qui
les a précédés.
C H A P I T R E XL
P r é p a r a t i f s pour un second voyage dans l’ intérieur
de l ’Afrique.
N o u s étions au commencement de septembre : des fleurs
nouvellement -écloses annonçoient le retour du printems, et
me rappelloient le projet conçu dès l’année dernière, d’un long
voyage dans l’intérieur des terres; mais il se présentoit plus
d’obstacles que je ne devois en attendre. Les foibles fonds que
j’avois apportés d’Europe étoient épuisés , et pendant dix-sep t
mois écoiilés depuis mon arrivée, je n’avois rien reçu de Hollande.
J’avois à la vérité de riches-soutiens dansles bourgmestres
fî'ij Drik-Temmink, Vander-Poll, ,et les conseillers Vander-Deutz
et Ten-Hoyen, aux dépens desquels je voyageais ; mais ma
mauvaise fortune voulut que les deux gouverneurs Tulbagh et
II h a