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portoient leurs enfans en croupe sur les reins ; j’en vis derrière
les épaules de jeunes filles de onze à douze ans. Les femmes
avoient des pendans d’oreille , et des bracelets de métal fort
larges autour des bras. Leur large boucbe , et leurs joues gonflées
, leur donnoient assez de ressemblance avec-les singes. Enfin
, après avoir passé quelque tems en prison, ces Hottentots
devinrent pâles et blafards.
Le 28 juin, les Javanois célébrèrent leur nouvelle année ; ils
avoient garni de tapisserie les murailles , le plancher et le
plafond d’une salle. Sur le devant, à quelque distance de la
muraille , étoit un autel , sur lequel s’élevoit une colonne dont
le.sommet touchoit au plancher; elle étoit couverte du haut
en bas , et sur toutes les faces , de bandelettes semblables à
de la dentelle, ou de papier doré et d’étoffes de soie. Au bas
on avoit placé des bouteilles et des bouquets ; sur le devant
de l’autel , je vis un grand livre sur un coussin. Des femmes
proprement habillées , se tenoient à la porte, debout ou assises.
Les hommes, couverts d’espèces'de robes-de-chambre
de soie, ou d’indienne, étoient assis sur le plancher, les jambes
croisées. L’ appartement étoit parfumé d’encens; quelques cierges
de cire jaune éclairoient la scène.- La plupart d’entre eux
avoient des éventails qui leur étoient très-utiles , à causé de
l ’excessive chaleur produite par le grand nombre d’assistans
réunis dans une salle très-resserrée. Je remarquai dans' la foule
deux prêtres à calotte rouge, de forme conique ; des mouchoirs
roulés formoient autour de leur tête des espèces. de
turban.
La cérémonie commença vers trois heures d’après - midi ;
alors ils s.e mirent à chanter tantôt hau t, "et tantôt bas. Les
prêtres entonnoient tout seuls , et l’assemblée faisoit' chorus.
Ensuite un prêtre se' mit à lire quelques passages du grand livre
qui étoit sur le coussin devant l’autel, et l’assemblée répondoit
de tems en tems à haute voix. J’observai qu’on lisoit à la ma-
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nière orientale , c’est-à-dire, de droite à gauche , et je présumai
que ce livre devoit être le Qorân (1) , parce que la plupart
des Javanois sont musulmans : tout enlisant et en chantant,
ils prenoient des tasses de café , et le principal assistant
jouoit du violon de tems en tems , tandis que l’ on chantoit.
C’étoit, comme je l’ai appris dans la suite , un prince de Java,
qui , pour avoir traverséles opérations de la compagnie des Indes
de Hollande , avoit été exporté de son pays natal au Cap de
Bonne-Espérance, où il étoit défrayé aux dépens de la même
c'ômpagnie.
Le 36 juin , j’allai voir le paradis, e t . d’autres jardins de la
compagnie, situés au pied de la montagne de'la Table.,
Rondebosch est une maison de plaisance appartenante au
gouverneur. De ce même côté, le long de la partie orientale de
cette montagne , les vents du sud-est ne soufflent pas aussi violemment
qu’ au Cap ; on y voit même des bois et des buissons.
Le pin sauvage (2) étoit mêlé parmi les autres arbres , et avoit
Ijné fort belle tête. La vigne sauvage (3) , ainsi que le cerisier,
se faisoient remarquer par leurs fruits rouges, qui sont très—
mangeables. ; -, 1 2
(1) Notre auteur écrit VAlcoran ;
mais je n’ai pas'cru devoir laisser une
inexactitude que je pôuvois réparer.
Note dit rédacteur.
(2) Finus silvestris. I l est surprenant
de voir réussir au Cap de Bonne-Espérance
un arbre qui se plaît dans les
climats froids et septentrionaux de
l ’Europe.
(3) Vitis vitigineci.