
même «’en retournèrent chez eux avec de grandes richesses.
Leurs succès leur donnèrent des imitateurs , et la Compagnie
ne prend plus à son service que des -jeunes gens bien nés et
même des gentilshommes : ils partent en qualité de sous-marchand?
, pour attendre des places importantes. Quoiqu’on envoie
ainsi chaque année des aspirans de distinction, munis de grandes
recommandations, je doute que la Compagnie trouve son profit
à prendre des employés d’un si haut parage ; le talent et le
zèle valent mieux que la naissance et le rang dans les. opérations
politiques fttcommerciales : l’-expérience aprouvé que ces nobles
ne daignoient s’abâisser jusqu’à servir une compagnie de marchands,
que pour s’enrichir rapidement dans quelques places
importantes , et retourner avec leur proie en Europe',? où ils
peuvent ensuite mener un train conforme à la haute opinion
qu’ils ont d’eux-mêmes.
La Compagnie entretient à Batavia deux hôpitaux à ses frais ;
l’ un dans l’enceinte de la ville , et l ’autre dehors. On reçoit
dans le premier,, nommé hinnen hospital, -tous les malades de
la ville-et dés vaisseaux ; trois médecins et deux chirurgiens
sont attachés,à.cet hôpital:: l ’autre., buyten-hospital, est destiné,
aux conv-al'escens ; ils y respirent un meilleur air et y prennent
plus d’exercice. Il y a outre-ceux-ci deux autres hôpitaux dans
la ville ; l ’un appartient aux Mores , et l ’autre aux Chinois :
comme beaucoup de chirurgiens-sont-employés au service de
la -Compagnie hollandoise., tant sur les vaisseaux’ que dans les
hôpitaux et dans les régimens , on leur a donné pour chef un
•chirurgien-major q u i, de concert avec le gouverneur-général
-et le gouvernement ., leur assigne les postes où leur- ministère
iest nécessaire , soit sur les vaisseaux., soit dans Pile.
Le docteur Hoffman chez qui j’étois logé , avoit l’inspection ‘
de l’apothieaïrerie., d ’où l ’on tire tous les médicamens nécessaires
aux hôpitaux de la-C.ompagnie : les vaisseaux qui retourlient
en Europe et les comptoirs hollandois dispersés dans les
Indes , tirent- les leurs de deux pharmacies administrées par
deux chirurgiens qui ont de gros appointemens.
Je ne parlerai point des forces militaires des Hollandois;
elles leur sont moins utiles pour se conserver dans eette île que
les sages précautions dont ils s’environnent, et sur-tout leur
adroite politique qui a mis dans leur dépendance tous les princes
naturels dé Java-.-
Outre la citadelle dont nous avons, parlé ci-dessus , la Compagnie
a fait construire deux redoutes en pierres, garnies de
canons j lesquels commandent les canaux pratiqués dans les rues
de Batavia. A la moindre insurrection, l’ordre est donné de
ti amer des canons dans les rues et de-les braquer de distance
en distance, pour obliger les Indiens et les esclaves à rentrer
dans-leurs maisons. Ces dispositions hostiles et. sur-tout l’aspect
des infortunes contre lesquels on les dirige , enlaidissent bien
tfette belle ville aux yeux d’un sincère philantrope. J’ai frémi
d'horreur mille fois en voyant tous les moyens employés par
l’avide Européen pour se procurer ce luxe et ces jouissances
dont il est si orgueilleux.
C H A P I T R E VI I .
C o m m e r c é et Monnoies de Java. — Chinois établis dans
cette île.
L a Compagnie hollandoise des Indes s’est emparée du commerce
extérieur de l ’île de Java , et elle y exerce à-peu-
près le même monopole qu’à Ceylan (t) , particulièrement sur
' (i) On rapporte , à Batavia la ré- charge chaque année sur les vaisseaux
coite entière des épiceries, et l ’on es qui est nécessaire pour la consom-
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