
mouchoirs , éventails, pièces ou tabatières d’argent placés Sur
un bâton peint en vert. La même joute eut lieu plusieurs fois
de suite , et toujours au bruit d’un orchestre, composé d’une
tymbale et d’un vase de laiton sur lequel ©n frappoit (1).
Les Maures établis à Batavia ÿ exercent presque tous le négoce,
comme dans le s ‘autres parties des Indes orientales. On
les distingue aisément à leur costume, aussi agréable que singulier.
Leur coëffure , composée d’une draperie blanche et
semblable à un turban, enveloppe une longue chevelure noire ,•
comme leurs moustaches. Quelques-uns portent un bonnet ou
un chapeau rond. Ils sont grands et relèvent [encore l’avantage
de leur taille par une jupe ou plutôt une -espèce de chemise
sans manches, très-ample, en toile de-coton blanche , qui
s’attache sous le sein ayec un cordon ou un large ruban. Ce
vêtement est sur-tout très-large par le b a s, et tombe sur les
talons. Leurs souliers, qui sont fort longs, së terminent par
une pointe recourbée. Les Maures aisés ornent leurs chaussures
de. broderies en or (2).
Les Javains sont d’une taille avantageuse et d’une figure
(1) I l n’est peut-être pas inutile de
remarquer que les Chinois établis a
Bantam et dans le reste de l’île de
Java, ont témoigné beaucoup d’amitié
aux François, ' dont Vhumeur leur
plaît fort, dit Vincent le B lanc, pages
i 48 et i 4g de ses Voyages. Mais l ’avidité
ombrageuse des Hollandois ne
nous a pas permis de profiter de
pes favorables dispositions. Je ne
crains point d’ assurer que de tous les
Européens qui commercent dans les
Indes, les François’.sont les plus estimés.
Les naturel? nous ont toujours
témoigné une prédilection et une
bienveillance dont nous n’avons pas
tiré parti. Note du rédacteur.
(2) Ces Maures descendent, je crois,
des Moghols ou Tatars , qui s’emparèrent
de l’Hindoustân en i 5a5 ,
sous la conduite de Babour, petit-
fils de Tymour (Tamerlan). Ils introduisirent
alors la religion musulmane
dans cette contrée et dans plusieurs
îles voisines. Telle e s t , sans doute,
Porigine de la tradition rapportée par
Corneille B ru yn , et citée dans ma
note de la page 387, Note du rèdact.
agréable,
agréable. Ils jouissent tous de la liberté , à l’exception d’un petit
nombre, qui se mettent volontairement en servitude chez leurs
compatriotes pour un certain temps (i).
1 Les Européens gardent.ici le costume de leur pays : ils portent
en général des vestes et des culottes de toile de coton blanche',
ou de satin noir , avec un juste-au-corps de quelqu’étoffe légère
des Indes. Tous ces vêtemens ne pèsent pas deux livres ; c’ est
pourtant un pesant fardeau, eu égard à la chaleur du climat,
et il n’y a pas de jour où l’ on ne change de linge deux ou trois
lo is, quoique la sueur s’imbibe aisément dans la toile de coton.
Voici quelle est , à-peu-près , leur manière de vivre.
Après que les gens en place ont é té , le matin , chez le gouverneur
, ils vaquent à leurs affaires Somestiques, depuis neuf
heures jusqu’à midi , mais sans sortir de leur maison , où ils
ont quelqu’haleine de vent. Cependant, vers cette époque de
la journée , si quel qu’affairé les .appelle'dehors, ils sortent'
dans des voitures légères et petites, qui ont, au lieu déglacés,
des rideaux de taffetas aux portières , pour intercepter les
rayons du soleil et ne laisser entrer que l’ air. On, attelle à ces
voitures des chevaux extrêmement petits; quelques-uns vont en
chaise-à-porteur. ,
(1) L ’origine des Javans est absolument
inconnue. Ils se prétendent originaires
de la Chine , et disent que
leurs ancêtres, fatigués de l ’esclavage
Ou les lenoient les Chinois, vinrent
s.e réfugier dans cette île. Leur ressemblance
avec cette nation, donneroit
quelque poids à leur témoignage. Ils
ont, en général, le front la rg e , les
joues grosses et de petits yeux comme
les Chinois. En outre, Marc-Paul le
Vénitien ,nous apprend que lorsqu’il
Tome 1.
étoit au service des Tatars, les ha-
bitans de la grande Java leur payoient
tribut, .et qu’ils le refusèrent quand
les Chinois se furent révoltés contre
ces Tatars. Voyages de Marc-Paul,
p. 13o , dans la collection de Bergeron.
Premier Voyage des Hollandois aux
Indes orientales, page 33, tome I du
Recueil des Voyages de la Compagnie
des Indes orientales. ( Voyez ci-après,
le chapitre V , de l’état politique de
Java.f Note du rédacteur.
D d d