
cependant, comme on a pn le voir, préparer des liqueurs
non- moins fortes que celles d’Europe.
Les Hollan dois font quelquefois une espèce de "bière pourboire
dans la soirée. Ils la nomment petite bière; elle fait sauter le bouchon
avec force, et mousse étonnemment dans le verre, parce
qu’on n’attend pas., pour la boire, qu’elle ait fini de fermenter.
Elle a un goût agréable et tient-le ventre libre ; mais comme il
n’y entre pas de houblon., elle ne peut se garder plus d’une
journée.
D’après l ’énumération que je viens de faire des principaux
mets des Indiens > on voit qu’ils ne vivent, pour ainsi dire ,
que de végétaux, et ne boivent que de l’ eau; aussi fus-je tres-
étonné de voir un esclave attaqué de la pierre. Ce malheureux
étant mort pendant mon séjour à Batavia, son .maître, le
docteur Hoffman, chez qui je logeois, l’ouvrit en ma présence ,
et lui trouva une pierre de quatre onces et un gros. •»
C H A P I T R E IX.
O b s e r v a t i o n s zoologiques sur Vile de Java.
L e s buffles (î) de Java me parurent tout différens de ceux
que f avois vus dans les forêts &’Afrique. Ils sont plus petits r
d’une couleur grisâtre, et plus ou moins sauvages. On parvient
( i ) Gamich enfpersan, Djamouz en
arabe, Bense en hindostany, Kidar en
tamoul. Ils aiment tant l ’eau et la bourbe
, que les Arabes les nomment boeufs
de rivière. L e buffles nagent long-
tems et avec facilité.: c’est un spectacle
vraiment curieux de voir des troupeaux
considérables de ces animàux
passer à la nage l’Euphrate ou le T y -
gre. Les jeunes pâtres se tiennent accroupis
ou même debout , sur les derniers,
et quelquefois ils courent de dos
en dos pour les presser. L ’auteur des
Observât, philosophiques sur les• moeurs
néanmoins à les apprivoiser et à leur faire traîner de fort grands
charriots. Ils se roulent volontiers dans des mares d’eau. Leur
chair n’est, pas estimée. ,
Les moutons sont ici au .nombre des animaux rares. Leur
fourrure ne leur permet pas de résister au climat (t); c’est pourquoi
ceux que l’on amène vivaris du Cap de Bonne-Espérance
sont aussi-tôt envoyés très-loin dans l’intérieur du pays, à un
endroit élevé, nommé la Montagne bleue, où l’ air est plus
tempéré.
Les sangliers pullulent considérablement dans les bois , et
vieillissent en paix et en sécurité au milieu des Javans ; ils
profitent du bénéfice de la loi de Mohhammed, qui défend à
ces insulaires toute espèce, de porc (2) , de manière qu’ils
de divers animaux de VAsie, crôit que
le buffle réussirent dans les contrées
chaudes et marécageuses de l’Amérique.
Ne seroit - il pas possible de
l’acclimater, ainsi que le chameau,,
dans nos départemens du midi? Nous
savons , par différentes relations dè la
Tartarie , que ce dernier animal vit
et se propagé dans des climats aussi,
froids que nos départemens septentrionaux.
Rêdact.
(1) W. Hunter observe, dans sa Description
duPégu, p. 38 delà traduction
françoise, que les moutons, dans les
climats chauds , ont, en général, des
crins au lieu de laine. Intimement pénétré
de la vérité de son observation,
qui s’accçorde en effet avec la sage prés
voyance de la nature, ce voyageur
l ’a développée dans une dissertation
intitulée : Inquiry into the causes o f
the variety observable in the fleeces of
the sheep and the hair of other animales,
in different climates (Recherches sur
les causes de la variété que l’on remarque
dans les toisons des moutons et
dans la robe d’autres animaux sous
différens climats). Cette dissertation,
imprimée à Calcutta, et réimprimée*
à Londres à la suite de 1’Account of
the Pegu, n’a point été insérée dans
l’édition française de ce dernier ouvrage.
Note du Rédacteur.
(2) On sait que chez les Musulmans
comme chez les Juifs :
. . . . Vêtus indulget ssnibus dementia forcis.
Juvenal, Satyr, v i , vers iSo. ( Réel. }