
est d’une forme assez singulière, et de l’ épaisseur d’un bas de
laine.
Les filles des colons ont quelquefois des enfans des noirs.
On donne de l’argent à la: fille, mais on fait partir l’esclave.
Les habitans des campagnes regardent l’hospitalité .comme
un devoir sacré ; un voyageur peut rester chez eux aussi long-
tems qu’il le veut , sans la moindre dépense ; il est toujours
reçu amicalement, et traité de même. A la ville , au contraire
, il en coûter très-cher ; on paie pour le logement et. la
nourriture une rixdalle par jour.
Les villageois font quatre repas par jour ; un à sept heures
du matin , un autre à onze heures , c’est le dîner ; ils goûtent
à quatre heures , et soupent à huit.
Il n’ est pas_permis aux soldats de se marier. On craint qu’étant
obligés’ de demeurer dans la citadelle, ils n’y contractent
des dettes, et alors il faut les envoyer eu exil à Batavia (1) ; cj est
la punition ordinaire. Cependant il vaudroit beaucoup mieux
qu’un soldat ou un caporal eût la permission de se marier ;
sa solde, jointe au produit du métier qu’il exerceroit les jours
qu’il n’est pas de garde, l’aideroit à soutenir sa famille. L ’expérience
prouve journellement combien cette défense est impolitique
; car les soldats se perdent avec des négresses débauchées
; en outre, un homme marié tient beaucoup plus au lieu
de sa résidence, et se bat avec bien plus de courage, quand
il a une femme et des enfans' à défendre. Mais d’après les
ordonnances de la ’ compagnie , un soldat marié est obligé de
devenir franc-bourgeois , sous la condition de rentrer au service
, si le besoin l’exige , de servir dans son ancienne compagnie
, et d’y reprendre le grade qu’il avoit en’ la quittant. 1
(1) On sait que Batavia est Pile la ropéens qui puissent s’y acclimater,
plus mal-saine de toute l’Inde, à cause Note du rédacteur,
dp ses marais : il y a bien peu d’Eu-
Quoique
Quoique la ville soit entièrement sous la jurisdiction de la
compagnie , et conséquemment du gouverneur .et du procureur-
fiscal, il y a cependant un bourgmestre, avec des conseillers
et d’autres officiers civils, pour-1’administration.intérieure et les
affaires particulières.
Il est rare qu’on donne la liberté aux esclaves , et l’on ne
permet pas aux noirs de faire le service de la garde bourgeoise.
On les emploie seulement en tems de guerre à faire des tranchées
pour les batteries , avec leurs pelles qui s ont leurs uniques
armes. Ils ont cependant leur capitaine. Il est enjoint aux
propriétaires- de rassembler leurs esclaves, et de.les former
en compagnie^; Les bourgeois , et ceux qui font le service
dans leurs compagnies, ont des postes particuliers. Les écrivains
montent la garde hors de la citadelle , et les autres aux
diverses batteries.
Les premiers jours d’aout amènent ordinairement la fin de
l’hiver ; alors la terre commence à se parer de fleurs. Je crus
que c’étoit le tems favorable pour un voyage que depuis long-
tems je méditois dans l’intérieur du pays, et que d’après certaines
promesses , je nie flattois de faire aux dépens de la
compagnie.
Je songeai donc à me pourvoir de tous les objets nécessaires :
savoir, de boëles'pour conserver les oiseaux; de petits sachets,
pour les oignons et les semences; de b’oëtes à insectes
et d’épingles ; d’un petit baril d’arek pour conserver les serpens
et les amphibies ; de coton, de papier fort pour faire
sécher les plantes; de thé, de biscuits pour moi, et de tabac
pour distribuer aux Hottentots ; d’armes à fe u , de beaucoup
de poudre , de balles de plomb de différentes grosseurs; d’habits
et de souliers pour quatre mois. Ce dernier article sur-tout',
étoit le plus embarrassant, à cause de son volume ; il me
fallut emporter une certaine quantité de souliers., parce que
le cuir préparé par les Indiens ,.n’est pas d’une excellente qua-
Tome I . O