
soient pas commandés de garde. Il leur prescrit les alimens
qu’ils doivent prendre, et le boute lier est chargé de le faire
préparer. On donne aux plus malades, la soupe et la desserte
de la table des officiers.- Quant à ce qui ne fait point partie des
médicamens, ou même de leur composition, comme l’eau
fraîche , le sucre , le vinaigre, l’huile , le jùs de citron , le vin
d’Espagne ou le vin blanc, le salpêtre , i’eauTdé-vie , le genièvre,
&c. on en fait une liste , qu’on remet au premier piloté.
Après la mort d’un homme de l’équipage , le médecin en fait
son rapport ; le pilote’ de garde Ouvre aussi-tôt le coffre du
défunt, et distribue ses habits aux plus nécessiteux.
Le médecin garde aussi par devers lui un journal des maladies,
de ces-ordonnances , et une liste des morts , qu il remet
au gouverneur du lieu de sa destination.
S’il meurt un homme de l’équipage, tandis que le navire est
daijs une rade quelconque , on hisse un petit pavillon à une
vergue ; alors -il-vient une barque avec un cercueil, pour enlever
le cadavre. Mais en pleine me r, on le coud dans un hamac,
avec du sable ou du plomb, -pour qu’il tombe au fond de la
me r, et après qu’il a été exposé quelques heures au pied du
grand mât, on le coule a l’eau.
Quand un homme a fait son testament avant de mourir , le
premier matelot et le contre-maître le paraphent.
Les rations de comestibles qui doivent être distribuées toutes
les semaines-, ou d’une semaine à l’autre, comme huilé, tamarin
, jus de citron, beurre , fromage , &c. ne le sont quelquefois
que tous les mois ou toutes les cinq semaines , selon le caprice
et l’intérêt du capitaine-, ou du premier pilote. Il en résulte
qu’on soustrait à l’équipage une foule d’objets , qui sont ensuite
vendus par les officiers qui ont commis ce vol, ou bien les gens
de l’équipage n’ont plus de vaisseaux suffisanS pour tout ce
qu’on leur distribue. En outre, il leur arrive souvent de- consommer
en peu de jours, ce qui devoit leur durer plusieurs
semaines^
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semaines. Les moins rusés se laissent voler. La distribution de
la viande et du lard , se fait avec plus d’ordre. On donne, à
discrétion du vinaigre , de l’huile , du sel et du poivre ; mais
chaque homme n’ a qu’une demi-livre de beurre par semaine ,
et trois livres et demie de pain. Le mardi, on remet au cuisinier
ime livre de lard par tête; le jeudi autant de viande, le vendredi
de la merluche , le dimanche des pois , de la viande; les autres
jours , du gruau , des pois , des fèves, des pommes-de-terre,
des choux rouges , et des oignons de différentes espèces, du raifort',
des carottes , tantôt avec du lard , et tantôt avec de la
viande fraîche. Dès que le navire a gagné au large, chaque
homme reçoit trois fromages , pesant chacun plusieurs livres.-
La compagnie des Indes fournit aussi des bas, de la burre
grosse et fine , qu’on donne à crédit à ceux qui veulent en
porter. Mais comme le capitaine préside encore à cette distribution
, ceux qui- l’importunent en reçoivent préférablement à
ceux qui en ont véritablement besoin.
Le 3o mars nous apperçûmes encore de grands oiseaux, qui
nous annoncèrent que le Cap n’étoit plus éloigné. On distribua
pour la seconde fois des habits aux soldats, qui jusqu’à ce moment
avoient été à demî-nuds.
Le 7 avril, nous vîmes une mollusque (1) qui voguoit sur la
mer. Les grands malmuks parurent plus nombreux que jamais ,
et un vent contraire nous empêcha d’approcher de la terre, .
Le 10 on vendit à l’encan les effets d’un matelot qui venoit
de mourir. Ils se montèrent à 68 florins, dont la moitié fut destinée
pour les pauvres de la Hollande, et l’autre moitié.pour
ceux du Cap , sans qu’on daignât même songer aux héritiers du
matelot.
Vers les quatre heures d’après-midi, nous découvrîmes un 1
( 1) Holathuria physalis.
Tome I. K