
élever considérablement de bestiaux ; il est a huit Heures de
chemin du Cap. Nous y passâmes le reste de la semaine pour
rassembler beaucoup d’objets dont nous avions besoin,, et pour
me guérir d’une inflammation d’yeux très-opiniâtre , causée par
la réverbération des rayons du soleil sur le sable échauffé.
Le pays est déjà très-habité et cultivé par des colons européens
, mais l’on n’y voit aucun poteau pour indiquer les distances
sur les routes , ou les séparations des propriétés. Les
rivières n’ont pas même de noms particuliers ; les terres portent
ceux de leurs propriétaires , et on évalue les distances par
l’espace qu’une voiture peut parcourir en une journée , ce qui
équivaut à-peu-près à un mille de mer. Tous ces inconvéniens
causent beaucoup d’embarras à un voyageur , et m’obligeront
de désigner les lieux que j’ai parcourus , par les noms hol-
Jandois sous lesquels ils sont connus.-
Les champs bas ' et sablonneux que nous avons traversés ,
étoient très-fertiles en plantes bulbeuses ou à oignons , qui ,
Ù l’époque où je me trouvois , avoient poussé considérablement,
et produit une grande quantité de diverses sortes de fleurs,
par les pluies considérables tombées pendant l’hiver. Dans un
UUtre tems ces champs sont nuds et n’ôflrent que du sable.
On fait cuire les oignons (1) d’iris-edulis , pour les manger;
ils ont le goût de pomme de terre.
Les fleurs d’Afrique ont des couleurs extrêmement variées ,
principalement vers leur partie supérieure 5 l’inférieure est presque
toujours d’une seule couleur.
Le flamant (2) nageoit en grande quantité dans les trous
remplis d’eau, où se tenoient les canards et les bécassines (3).
Dans les champs , au milieu des buissons , on entendoit des
outardes (4), et le petit oiseau qu’on nomme ici haantje , ainsi
(1) Bulbi.
(2) Phoenicopterus rüber.
(3) Scolcpax capensis.
(4) Otis.
que plusieurs espèces de boucs et de chèvres, comme l’antilope
coudou, le grimme , &c. (1) ; enfin, la fière autruche,
dont le mâle se distingue par ses plumes noires , la femelle en
ayant de grises.
On me montra de la terre grasse mêlée de soufre , qui se
trouve près d’une fontaine à Paardeberg.
La gousse de la semence d’une espèce d’euphorbe , bien
pulvérisée , tue les loups aussi bien que le gâteau de renard.
Je vis ici pour la première fois de l’huile de ricin : on en fait
cuire, me dit-on , le fruit dans l’eau , et l’on en recueille l’huile
qui nage sur la surface. Une tasse de cette huile purgeTégè-
rement. Les feuilles de ce buisson , séchées et appliquées sur
la tête , en appaisent le mal.
Le i 4 , nous passâmes auprès d’Orange-Fontejm (2) , et de
Uyle-Kraal (3) , auprès de Thee-Fonteÿn (4) , en une marche
de six heures. Le jour suivant nous passâmes auprès de Elands-.
Fonteyn (6), et nous nous rendîmes à Saldanhabay,,
Les colons qui habitent cette partie du Cap , n’ont pas de
Vigne ni beaucoup de terre labourable , mais en place beaucoup
de bestiaux. On y fait tous les jours du beurre dans un instrument
qui ressemble à une pompe ; et le petit-lait, quelque bon
qu’il soit , est donné aux veaux et aux chiens. On ne laisse
pas à la crème tout le tems nécessaire pour bien monter. On
manque ici de tout, sur-tout d’ustensiles de ménage,' et la
pauvreté y est extrême.
Nous laissâmes nos chevaux de monture dans la maison d’un
paysan , avant de traverser le port dans un bâtiment, pour
nous rendre au poste, de la Compagnie, où nous passâmes plusieurs
jours. Je reconnus dans l’ équipage Elisoeur Hyphoff,
• ( 1 ) Cap ra dore as, cap ra grimmia, & c .
(2) Fou laine d’orange,
(3) Griffes de hibou.
(4) Fontaine à thé,
(3) Fontaine de l’Elan,