
leurs bestiaux dans ce canton, qui leur offre alors une nourriture
abondante. Les moutons y deviennent quelquefois: si
gras, que leur viande n’est pas mangeable , et l’on tue toujours
les plus maigres. Un boucher qui achète ici un troupeau
entier , lui fait faire quarante, ou cinquante milles pour le con-
duire au Cap ; en arrivant à la ville , les moutons ont juste le
degré de graisse nécessaire pour être bons à manger.
Toutes-les montagnes prennent ici leur direction vers la
mer, c’est^à-dire, du nord-nord-ouest au sud-sud-ouest. Leur
sommet .est si plat et si égal , qu’il paroîtroit avoir été nivellé.
.A gauche commence une chaîne de montagnes peu élèy'ées ,
mais qui s’étend ïrès-loin le long du rivage de la mer.
Tout le pays de Carro abonde sur-tout en ficoïdes (i) ; il
produit aussi quelques crassules, euphorbes et.cotylédones (2.).
Le bon et officieux colon dont j’ai déjà' parlé , avait eu la
complaisance de nous prêter deux boeufs qui hous.furent d’un
grand secours pour descendre la montagne de Boeke.-land.
Lés nôtres étoient trop: épuisés pour soutenir une pareille: fatigue:
La montagne .est si escarpée et tellement hérissée de
petites éminences en ardoise , qu’il fallut employer plusieurs
Hottentots autour de nos voitures, Ils les retenoient avec des
cordages pour les empêcher de verser. Nous avions, eu la prqs
caution de n’y. pas rester, et nous "franchîmes cette montagne
à çheval., Le sommet est presque taillé à pic , avec, une surface
plate et assez .riche, en herbe. L ’ air, y est plus froid qu’en bas.
En, gravissant sur cètte montagne , nous trouvâmes une espèce
d’aloès (3) ; lorsque cette plante.,est parvenue à une certaine 1
(1) Mesembryanthema.
(2) Crassuloe. Euphorbia et colyle-
dones.
(3) Dichotoma. Cet aloës vient d’être
figuré avec quelques détails dans le
Voyage de Palerson en Caffrerie } plaju-
çlies, 2 , 3 ; 4 et 5. Lam.
grosseur,
grosseur, les Hottentots en creusent la tige et en font des carquois;
Le Boéke-Veld est situé entre le trente et le Irente-unième
degré de latitude méridional.
Enfin nous arrivâmes d’assez mauvaise humeur, et sur-tout
bien fatigués , à la ferme de Clas Loper, que nous nous proposions
de visiter d ’année dernière; mais on doit se souvenir
qu un événement fâcheux nous empêcha de réaliser ce projet.
Nous avions déjà trouvé en lui un guide fidèle et officieux; aussi
nous ne fûmes pas étonnés de ses- attentions et de sa conduite
généreuse à notre égard, pendant plusieurs jours qu’il nous retint
chez lui, : c ’étoit un des plus riches propriétaires du canton.
Il avoit au moins douze cents moutons , six cents bêtes à
cornes: et deux cents veaux.
Nous laissâmes sur notre gauche, du côté de la mer, une
vaste étendue de pays habité par les grands et petits Nama-
quas; nation riche et nombreuse. Ils se livrent à l’éducation
des bestiaux. Les leurs.m’ont paru d’une toute aütre espèce
que ceux de ce pays et même des Caffres. Ils sont beaucoup
plus grands , plus haut montés sur jambes , et n’ont pas de
bosse sur le dos.
La ferme de Clas Loper est située dans le Boeke-land-rivier,
qui n est, a proprement parler , qu’une haute montagne plate
dans sa partie supérieure, avec quelques pointes çà' et là , jusqu’au
rivage de la mer. Elle est formée en différentes couches;
la plus haute est un grès entremêlé de petites pierres rondes ;
la pluie le fait fendre quelquefois par feuilles.-
Tous les environs me parurent très-stériles , conséqueinnïént
lès-colons y ont fait peu d’établissemens. On n’y rencontre que
de foibles hordes d’Hottentots avec leurs petits troupeaux; la ’
plupart sont au service de quelques coloris établis dans la crin-
tree. Ils reçoivent pour leurs gages des bestiaux ou différentes
bagatelles.
Tome I . X x