
c e tte manière , elle s’ en procure à b ien 'm e illeu r m a rch é ; mais
en récompense , le bourgeois et les étrangers la p aient beaucoup
plus che r . L e s 'p rem ie r s la p aient quatre, liards ; le s autres,
d eux sols de Hollande la liv re , et la Compagnie , deux liards
seulement. Un boe u f de cinq rixdalles se v en d dix et même plus
au x étrangers-.' C e t te ferme s’ adjuge pour u n e , d e u x , trois ,
cinq ou sept an n é e s ; e t on y joint toujours quelques pâturages
p our les boe u fs , auprès dé la Go rg e v e r te .
C e s variations de p r ix jointes à la difficulté de se faire entendre
, ca r tous les étrangers ne savent pas le ho llando is , obligent
c e u x qui mouillent ic i d’avoir un commissionnaire chargé de leur
p rocu re r to u t c e dont ils ont besoin. C e t ag ent ne prend pas
toujours le s intérêts de ses commettàns, e t fait souvent à leurs
dépens , là cour à ses compatriotes.
L e s étrangers qui v eu len t ach e te r e t emporter du froment,
sont obligés de traiter directement av e c la Compagnie des Indes,
qui s’ est ex clus iv emen t ré se rv é e la Vente de c e tte denrée.
L ’ ànnée d e rn iè re , les François v.enoient souvent en chercher-ici
p our le transporter à l’Isle de France.
• Dans l ’ espace d’un an e t' demi que j ’ ai passés au Cap , il
n e 's ’y est pas tenu une seule fo ire ; il paroît que ce n’ est pas
l ’usage dans le p a y s ;m a is des Ventes publiques de différentes
marchandises é tran g è re s , particulièrement de celles qui provienn
en t des différens comptoirs des Indés o rien ta les , tien n en t , à
certains é ga rd s , lieu de foires.
A u cu n hab itant de la v ille ou de la cam p a gn e , h’ a- le droit
dè se marier sans le consentement du gouverneur. On présente
sa demande le jeu d i; quand elle est. a c co rd é e , on donn e , le
samedi su iv an t, au fu tu r , en présence de la jeun e p e rson n e , un
ordre pour le conseil de ju s t i c e , qui examine si les fiancés ne
s o n t . pas trop p roches parens. Après c e t examen , le gouv
e rn eu r donne son consentement au mariage et l’ ordre de pub
lie r les bancs à l’ église , pendant trois dimanches de suite.
L e gouve rneu r est bien le maître de re fu se r son consentement;
mais il ne p eu t empêcher les jeunes gens de v iv re ensemb
le , jusqu’à ce qu’il en vienne un autre moins sévère. L e fu tu r
s’ adresse aussi quelquefois au conseil de ju s tice , qui se trouve
forCp d’ordonner la conclusion du mariage ; mais quand le jeune
homme est engagé au serv ice de la compagnie des Indes , le
gouverneur a quelquefois la cruauté d e le faire p artir pour un
des établissèmens de la compagnie dans le s Innés orientales.
L e s filles se marient fo r t jeunes , ce qui contribue à augmenter
la population'de la colonie , qui croît de jour en jour.
L e s prêtres de la colonie prétendent que la p ré senc e du p ère
est indispensable pour le baptême de son e n fa n t , ou qu’on
doit au moins le connoître. Si c e lu i-c i n e se p résente pas , ou
que l ’ enfant ne soit pas reg a rd é comme lé g i t im e , on n e lui
.administre pas le , sacrement ; mais -on ne p eu t le lu i r e fu s e r ,
quand même il seroit né d’une mère noire ou h o tten to te , p ourvu
que le .père soit chré tien ; et voilà, pourquoi la Compagnie
fa it baptiser le s enfans d’ esclaves , nés dans sa lo g e , quoique
l ’on n’ac co rde jamais c e tte fa v eu r aux - esclaves m em e s '; mais
j’attribue' c e tte ex cep tion à la 1 presque ce rtitu d e où, l ’on est
que l ’ênfant a un Européen pour p ère ; e t en e ffe t il porte
presque toujours des marques de c e tte origine. J’ ai eu souvent
Occasion dè v o ir des enfans d’un Européen e t d une femme
noire; ils ne se ressemblent pas toujours entre eu x . J’ai remarqué
un garçon noir a v e c de grands y e u x , e t ressemblant en
tout à sa mère , tandis que son fre re b lafard , a v e c oes ta ches
noires, ressembloit au p è r e , e t la soeur é to it à demi noire ( î ) .
L e s p rêtres , par un m o tif qu’on devine a isém en t, n e v eu len t
pas entendre parler de baptême de nécessite ; ils oblig ent les (i)
(i) Quand les Nègres ont quelques guérison parfaite , elle reprend la
plaies et qu’elles se cicatrisent, la peau teinte noire du reste du corps.
commence par blanchir, et après la