
48 1771- R E T O U R DE P A R I S
le peuple fait tous les ans la représentation sur cette effigie.
Vers la même époque j’allai chez M. Geoffroy , qui me reçut
avec beaucoup d’honnêteté. Il eut la complaisance de me montrer,
sa collection d’insectes , rangée le long des murs d’une
chambre, dans des cadres de verre.
Je pris la galiote pour me rendre à Versailles et de-là à Tria-
non , où se trouve le plus beau jardin botanique que j aie jamais
vu. J’examinai aussi la collection des plantes de M. Richard,
rassemblée par Richard jeune , dans son voyage à Majorque et
à Minorque,
C H A P I T R E V.
R e t o v r de Paris en Hollande : du 18 ju ille t au 10 décembre
L e i-8 juillet je partis de Paris, pour me rendre à Rouen, et
de-là continuer mon voyage par mer , jusqu’en. Hollande ; c e-
Loit le prélude d’un autre de bien plus long cours , aux Indes
orientales, que M. le professeur Burmànn m'avait propose pendant
mon séjour'dans la ville d’Amsterdam. Il seroit difficile
d’exprimer a v e c quel plaisir j’avois a c c e p t é cette offre. _
je fis mon voyage de Rouen moitié .par eau-et moitié par
terre. En descendant la Seine , je vis la machine de Marly,.
qui fournit de l’eau à Versailles , en lui faisant franchir des
hauteurs considérables. ,
En marchant la . nuit et le jour j’arrivai à Rouen le 19 juillet,
c’est-à-dire , le lendemain de-mon départ de Paris.^
Le grand pont sur lequel on traverse la Seine à Rouen ,
est construit sur des bateaux , et se démonte en plusieurs
PdJ’ffilai voir, hors de la ville, n ie manufacture d’indiennes que
l’on
l’on imprime .d’un côté avec.de petites formes carrées, dont
le nombre est proportionné aux différentes couleurs qu’on .emploie.
. ,
On .commence par tremper la forme dans un tamis,. qui nage
au milieu d’une couleur liquide, 5 ensuite un garçon passe dessus
cette forme une, brosse trempée dans la couleur qu’on veut
employer. On assujettit cette forme sur l’étoffe, avec des vis
d’acier ; d’une main, on la pose , et de l’autre on frappe avec
un maillet. En sortant dé l ’impression , les couleurs sont toutes
pâles , et ne prennent de la . vivacité que quand l’étoffe a bouilli
dans une-espèce .de lessive préparée exprès. ...
La montagne voisine de Rouen , paroit formée de différentes,
couches de pierres à chaux et.de cailloux 3 chaque couche peut
avoir un peu plus d’un empan d’épaisseur. Elles occupent envi-,
ron la moitié de hauteur de cette montagne ; au-dessous commence
la pierre à chaux. Les cailloux sont souvent noirs , quelquefois.
gris,,blancs et bleuâtres, Il y a beaucoup de trous.et
d’élévations, Quoique cette pierre à chaux soit entremêlée de.
cailloux, on en tire, cependant des pierres de taille pour la construction.
Auprès de. Paris je vis de la pierre a chaux plus imprégnée
de pétrifications que celle-ci,.
. La montagne près la Bouille , semble aussi renfermer des cailloux,
et celle de. Quilleboeuf, de petits fragmens de pierres à
chaux entre-mêlée de petits cailloux.
Le 9 août je partis .de Rouen sur un vaisseau hollandois. En
descendant le fleuve, tantôt nous hissions les voiles, tantôt
nous nous laissions aller au courant, et souvent nous;,jettipns.
l’ancre. Plus .on approche de la mer , plus le flux est sensible ,
et quand la marée est basse., beaucoup d’endroits, restent a sec ,
de manière que les vaisseaux s’enfoncent dans la vase.
Les dimanches et fêtes , les habitans des villages s’ amusent et
dansent dans les prairies 5 leurs femmes ont une cpëffure assez
Tçme I . G