
Les Caffres ont, comme les Hottentots, un chef dans chaque
village ou dans chaque famillç ; ce chef les conduit à la chasse
et contre l’ennemi. Ils le nomment ordinairement capitan ( capitaine
),
Quoique ces peuples n’aient point d’armes à feu , ils'n’en
tuent pas moins adroitement les buffles et autres animaux, avec
leurs javelots ou assagay (1). Dès qu’un Caffre a découvert un
troupeau de buffles, il souffle dans un flageolet, formé d’un os
de mouton , qui se fait entendre de fort loin. Plusieurs autres
Caffres accourent et environnent les buffles , s’en approchent- et
leur jettent leur assagay; sur huit.à douze buffles, il en échappe
rarement un seul. Ce qui arrive plus fréquemment, c’est que
ces animaux en voulant fuir , tuent quelques-uns des chasseurs
; mais ils ne paraissent pas grandement effrayés de ce
danger. Dès que la chasse est finie, chacun découpe Ta pièce
qu’il a abattue.
Outre la chasse , les Cafîres qui habitent de belles prairies
bu le long des cotes-.de la mer , possèdent d’immenses troupeaux
de betes a cornes, qu ils défigurent d’une étrange maniéré,
tantôt en leur découpant la peau du col qui pend en longues
lanières, tantôt en forçant leurs cornes de prendre les foy,
mes les plus bisarresr
La compagnie des Indes leur achetoit autrefois, ainsi qu’aux
Hottentots , beaucoup de bestiaux pour du tabac, de l’ eau-de-
vie, des grains de verre et des morceaux de fer. Aujourd’hui
ces échanges ont rarement lien, et sont expressément défendu?
aux colons.
Les Hottentots qui sont au service de ceux-ci, fument avec
qne pipe de te rie , qui est un véritable brûle-gueule , car la
M c ’est probablement le mot géné- un mot commençant par uns 5. Nçte
rat-xagay , auquel les Caffres ont joint du rédacteur.
J’artiole âl, qui se change en as devant
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tète de la pipe touche à leurs lèvres; comme on les tire du
Cap, les tuyaux ont tout le tems de se .casser durant ce long
trajet. Ils se servent encore, ainsi que les Caffres, d’un bâton
long .et creux , terminé par un trou , dans lequel ils adaptent
une cheville également percée et surmontée d’une pierre
creusée de forme cylindrique , où ils mettent le tabac,- Ils ont
encore une autre espèce de pipe , dont le tuyau est formé par
la corne d’une gazelle (1) : au bout est m e cheville percée
de part en part, et surmontée d’une tête- de pipe en pierre.
Les fumeurs ouvrent la bouche aussi grande que l’ouverture
même de la corne , et tirent quelques bouffées de fumée qu’ils
retiennent quelque tems , en avalent une partie, et rendent
l’autre par la bouche et le nez. Us se passent- successivement la
même pipe, qui fait ainsi le tour de l’assemblée. Quand un étranger
arrive dans un kraal ou village -, on ne manque pas de le
régaler de la pipe à la ronde.
Les Hottentots font eux-mêmes des marmites'de terre cuite,
pour y préparer leurs alimens. Ils mangent les fèves du scho-
tia (2) , quoiqu’elles poussent sur un buisson vénimeux.
Nous vîmes sur le bord de la rivière Camtour , quelques
Hottentots occupés à manger une vache marine, tuée depuis
quelque tems ; ils qmoient de manière à empoisonner tous
ceux qui passoient auprès d’eux. Cette même rivière nourrit
considérablement d’hippopotames : à la vérité, depuis quelques
années on en a beaucoup détruit, et ils sont considérablement
diminués.; nous en blessâmes plusieurs, mais n’-en tuâmes aucun
, parce qu’il n’en parut point pendant la nuit que nous
passâmes toute entière sur le bord de la rivière. 1 2
(1) Capra orix, ou oreas. nomme schotia, J’ai peine à croire qu’il
(2) Gvajacum afrum. Cet arbrisseau soit vénimeux ; car les plantes de la
n’est pas une espèce de ga y a c , comme famille des légumineuses, dont il fait
Linnée l ’avoit pensé ; mais il forme un partie, ne sont point dans ce cas. Lam.
genre particulier, que M. Jacquin a
Tome I . Y