
la viande des, animaux sauvages , du produit de leurs troupeaux
qui trouvent dans tout le pays d’abondans pâturages, et sont,
en général, d’une grande sobriété.
Les colons , au contraire, vivent très-isolés les uns des autres;
chacun doit avoir sa ferme : ils sèment du bled dans une portion
de leurs terres , plantent des vignes dans une au treuils possèdent
de" nombreux troupeaux., font une guerre impitoyable
au gibier , tant pour s’ amuser que pour détruire les betes nuisibles
, ou pour avoir leur cuir et leur peau. Au reste , la plaine
des Antilopes est fort unie., sans bois ni buissons , à l’exception
de quelques-uns, qu’on nomme ronoster ; elle ne produit
que de l’herbe et un peu d’osier en certains endroits. Au pied de
la montagne sont .dispersés quelques pieds de protée à grandes
fleurs , qui forment des arbres rares et peu élevés (i).
Ce pays doit son nom à la gazelle sautante (2), dont on voit
des troupeaux dispersés çà et là : dans certaines années , elles
viennent „des contrées lointaines en très-grand nombre.
Les montagnes situées des deux côtes sont complètement nues,
et s’élèvent comme un vieux mur, sans la plus foible pente ;
elles n’ont pas même de colline à leurs pieds, comme les autres
njontagnes. L’air agissant continuellement sur leurs masses en
changera la forme. Les pluies successives entraînent les portions
déjà dissoutes , sans parler des quartiers qui se détachent et qui
tombent. L ’eau de la pluie qui séjourne dans les cavités, finit
par y former des grottes assez profondes,
Les rochers divisés en beaucoup de pointes, sont, ordinairement
composés'd’un mélange de .pierres' degrés et de sable,
que l’humidité fait fendre. Elles se détachent et roulent par gros
morceaux.
Ces dégradations font des espèces de déchiremens dans les
(;l) Protea grandiflora, ( vaage boom ).
£2) Capra pygargus {spring boek), le klipspringer. Bujf.
montagnes , et indiquent à la fois leur ancienne existence et leur
prochaine destruction. Ces pierres n’étant pas toutes de la même
■ consistance , elles ne se décomposent pas de la même manière.
Dans- certains endroits ce sont de gros morceaux de pierre-
ponce, dispersés çà et là par centaine : ailleurs, de grandes
collines composées de pierres de sable-, dont la partie inférieure
est blanche comme de la craie , ou comme de la chaux ; la
superficie est jaune , mélangée de rouge. Dans les vallées, sur le
bord des ruisseaux , est un sable extraordinairement fin, entraîné
par la pluie de la cime des montagnes. Celle des plaines
des Antilopes ou gazelles a toutes ses couches inclinées dans la
partie orientale , comme si la montagne même eût éprouvé un
affaissement. Cette inclinaison est sensible même dans les couches
les plus épaisses, de manière qu’elles sont plus basses; vers
le nord-ouest, et' plus hautes vers le sud-est.
Ces grandes et hautes montagnes, divisées, en plusieurs branches
et séparées par des vallées ou des campagnes plus ou moins
larges, sont les plus élevées de la pointe méridionale de
l’Afrique.
Parmi les plantes que produisent ces montagnes , je remarquai
le singulier buisson à mouches (1) , dont les feuilles , couvertes
d’un fin duvet et d’un sédiment un peu glutineux , retiennent
les petits insectes qui veulent les ronger! Elles servent , dans
l’intéi'ieur des maisons , à prendre des mouches.
Le 18 , nous nous rendîmes à cheval chez Isaac Visage. 1
(1) Roridula dentata. Arbuste à
feuilles presque verlicillées , chargées
de poils séparés et glanduleux comme
celles des rossolis de France ( drosera
rotundifolia et longifolia ) ; il a en effet
dés rapports évidens avec lé genre
drosera. Il seroit intéressant de savoir
si ses feuilles sont irritables comme
celles de la dionée ( dïonoea muscipu-
la), et comme celles de plusieurs rossolis.
Au reste, voyez" la figure d’un
rameau de cet arbuste dans mes Illus-t
trations , planche l 4i, Lam.