
pitaux, situés, les uns dans l’enceinte de la ville, les autres
dehors. Le jardin botanique qui est à une extrémité d’Amsterdam,
me parut grand et beau : il renferme plusieurs serres et orangeries,
ainsi qu’une grande quantité de plantes succulentes (1) ,
la plupart du .cap de Bonne-Espérance. L ’aloès. d’Amérique (2)
étoit en pleine floraison, et se voyoit tous les jours pour de
l’argent.. L e fils du professeur Burmann étoit déjà nommé préfet
du Nosocpmiùm| ou hôpital établi dans la ville, à la place de son
père , dqiit le grand âge exigeoit du repos. On m’assura que
sept à huit cents malades étoient traitésjgratuitement dans cet
hospice. La plupart des femmes couchoiejjt deux dans un lit :
on écrit à la visite du matin, sur une ardoise, le numéro du
malade et les médicamens qu’il doit prendre dans le cours delà
jo.urnéerrl’apothicairerie est tout auprès. •
L ’établissement nommé maison de poste., est à une petite distance
hors de la ville.
: A cette époque l’air de la basse Hollande étoit extraordinairement
humide , mal sain , et aussi épais que dans une .étuve 5
on ne pouvoit conserver ses cheveux frisés sans épinglés, et
j’avois beaucoup de mal à faire sécher mes plantes devant un
bon feu ; il tomboit souvent une pluie très-fine , ensuite il
s’ élevoit un brouillard épais ; et quand il venoit à tomber, quelques
momens après, on ne voyoit dans les rues que la tête des
passans , ensuite la moitié du corps, ainsi du reste. Ce phénomène
me parut très-singulier. Les fièvres de rhume commen-
çoient à devenir communes et même générales.
Les femmes du commun se servent , pendant l’hiver, de
chaufferettes percées: de plusieurs trous; elles y mettent de la
tourbe allumée, et les placent ensuite .sous leurs jupons pour
se chauffer.
(1) Suçculenta. (2) Agave Americana,.
Comme les Hollandois sont de grands fumeurs , on vo it, sur
une table dans presque toutes les maisons , un vase de cuivre
renfermant de la tourbe enflammée pour y allumer la pipe, et
une tasse à large bord arec une ouverture étroite , pour servir
de crachoir et ne pas salir le plancher.
On boit en Hollande plus de thé et de café que de bière.
On prend du café au lait le matin avec un morceau de sucre candi
qu’on laisse fondre dans sa bouche: R est brûlé légèrement dans
des cylindres ou dans des poêlons de grés. : on le fait très-foible ,
pour en prendre plusieurs tasses à la fois, souvent sans l'ait ni
sucre. On boit le thé l’après-midi en assez grande quantité, tantôt
avec du lait et du sucre , et tantôt tout-à-fait pur. A bord nous
buvions quelquefois le soir de l’eau mêlée avec; du lait , 'dans
lequel on avoit fait infuser du thé ou de la- sauge : nous avions
soin d’y faire fondre un peu de sucre pilé. On mange rarement
de la soupe , et on ne sert que des alimens solides en herbages,
en poissons et en viandes. Le poisson est' la nourriture la moins
chère , et conséquemment la plus, commune. La viande, au contraire,
est toujours-à un assez haut prix ; et d’un usage moins
général. Les gens peu aisés mangent à chaque repas des tartines
de deux espèces de pain différentes , sur lesquelles ils étendent
du fromage. On consomme peu de salaison. Les pauvres se nourrissent
principalement depommes de terre et de poisson de mer;
celui de rivière , tel que les brochets ' et les perches , se vend
très-cher.
Les femmes portent, pour la plupart, de petits paniers , les
autres ont sur le côté une bourse avec une grande serrure
d’argent.