
tes , d’oiseaux, de fleurs et de graines, nos bêtes étant suffisamment
reposées, nous quittâmes ce délicieux séjour,!et descendîmes
dans la campagne en traversant plusieurs rivières, telles
que celle de Haartebeest-rivier (1) , auprès de laquelle nous
nous arrêtâmes pour passer la nuit chez Michel de Plois ; Hex-
rivier (2), Breed-rivier (3) , Mattjès-valléy (4) , et Brand-Steeg.
Nous nous arrêtâmes au-delà de Mattjès-KLoof, chez Pierre
de We tt, possesseur d’une métairie où il y a desbains chauds.
Nous y passâmes un jour pour prendre des bains et visiter les
montagnes des environs.
Avant d’arriver à la métairie de Plois , auprès de la rivière
de Haartebeest, nous longeâmes une montagne nommée Slan-
gen-Kap (5) , qui peut passer pour une des plus singulières de
son espèce. Isolée des autres montagnes voisines, elle ressemble
à un amas de rochers, et n’est pas très-haute. D’un côté est
une fente ou cavité large et profonde , d’autant plus digne
d’attention, qu’elle sert de retraite à tous les Serpens des environs
: ils viennent y chercher la tranquillité pendant tout le
tems que dure leur engourdissement. Aux approches de l’été,
dès que les chaleurs commencent à se faire sentir , on voit
différentes espèces de serpens, roulés ensemble en anneaux
très-volumineux, sortir de cet antre pour se répandre dans la
campagne , et chercher dans leurs asyle's favoris, une nourriture
capable de réparer les pertes qu’ils ont faites pendant
l’hiver.
Les bains chauds ont leur source dans un fond de sabl,e ,
situé au pied même de la montagne. Il y a sept veines ou ruisseaux
, dont un beaucoup plus considérable que les autrës. Le
second , de moyenne grandeur, est le plus élevé ; le premier
(1) Rivière des cerfs.
(2) Rivière des sorciers.
(3) Rivière large.
(4) Vallées de Matties.
(5) Montagne des serpens.
se
se trouve tout auprès et au sud de celui-ci ; le troisième n’est
pas éloigné ; au-dessous de ceux-ci sont, situés le quatrième ,
•d’une force suffisante ; le-cinquième à quelques pas de distance
j le sixième placé..au milieu, forme plusieurs rigoles;
le dernier et le plus considérable , bout avec tant de force ,
qu’on, peut y échauder, des animaux. La fumée, qui en. so rt,
ressemble à celle d’une marmite posée sur le feu. Quoique les
bords et le lit même de ces. ruisseaux n’offrent aucun.sédiment,
il y croît cependant une, conferve verte (1). Les pierres qui se
trouvoient dans le courant, et qui s’élevoient un peu au-dessus
du niveau de l’eau, étoient couvertes d’une croûte verte. J’en
remarquai une espèce particulière , si molle qu’elle se coupe au
couteau, et peut servir.de,craie. Je me, convainquis que c.ette
eau ne contient point d’acide , en .y plongeant un chiffon de
laine bleue e,t un morceau de papier-à enyelopper le sucre , qui
ne. changèrent pas de couleur. Le, sucre de saturne que j’y
jettai, n’éprouva d’autre altération que de devenir d’un blgnç
d é fa it, et la poudre de kina brunit un peu. L ’eau a toujours
un cours égal, elle me diminue ni n’augmente ; on prétend seulement
qu’elle est plus chaude en été ; enfin , cette eau , est
pure et-si,-claire , que le. linge qu’on y lave ne Contracte,aucune
teinte ; elle ne donne pas de goût à la viande qu’on y fait cuire;
En sortant de la source, elle se rassemble dans des trous, plus
ou moins grands où l’on peut se baigner. Au-dessus;,ym a construit
deux petites cabanes pour la . commodité, des baigneurs-
ils peuvent s’y procurer de l’eau fraîche des ruisseaux qui des:-
cendent dè la montagne , et dont on a dirigé, le cours vers ces
cabanes. Il seroit imprudent de se mettre dans ces: bains sans
être accompagné de quelqu’u n , parce que la chaleur de l’eau
presse le battement du coeur, attire le sang de la tête vers les
parties extérieures, sur-tout en has ; les veines inférieures se (l)
(l) Conferva viridis.
Tome I Q