
étrange ; leur- bonnet est de dentelle d’or ou d’argent , des
deux côtés pendent des espèces de barbes de toile ou de mousseline.
Elles portent des corps et des jupons avec des cocardes
de ruban par derrière et sur les hanches*
Outre le caillou et là pierre à chaux qui constitue la masse
de là montagne , il y a encore une autre couche de pierre à
chaux d’un pouce d’épaisseur, plus claire et plus obsGure , formée
par le sédiment dès flux et reflux ,• comme on le. voit aisément
par les élévations cachées sous l’eau, et qui demeurent
à sec à la descente du flux. On doit attribuer la couleur de ces
couches , a la terre glaise de dessous , qui . est assez obscure ,
èt aü sédiment que l’eau déposé dessus et qui est plus clair et
d’un gris jaunâtre. On peut donc apprendre aisément et de quelle
manière sè'ferment les lits dans lés montagnes , par le moyen
du sédiment que le flüx dépose en s’écoulant doucement. Ce
sédiment, qui forme des couches placées les unes âu-dessus des
autres, acquiert, chaque fois qu’il se trouvé à séc ,- une certaine
' consistance , avant que le flux ne remonté , ce qui ne tardé
pas. Depuis Paris jusqu’à la mer, les collines sont presque
toutes de la même hauteur, et ont à-peu-près l’inclinaison de
celle du château situé près d?Upsal-. On remarque des espèces
de golfes , tantôt has et tantôt escarpés ; leur escarpement provient
des morceaux qui se détachent et roulent en bas , comme
on le voit après le flu x , par les petits bancs qui se forment
insensiblement sous l’eau. La plupart de ces golfes n’étoient
originairement que des fragmëns de terre plus ou moins gros,,
placés au bas de ces niontagnes et accrus insensiblement par
lfe sédiment de l’ eau, qui les a ensuite abandonnés. Une partie
de ces éminences s’étant trouvée nue , une autre peu solide
encore , et cependant couverte d’herbes , a pü fermer des îles ,
dés anses qui ressembloiént à de petits ports, et dans leur
petite dimension, elles ont la forme des grandes collines situées
auprès des grandes montagnes. Ces observations, expliquent,
assez- clairement, je crois , la formation des montagnes, et la
diminution de l’ eau (1),
Plus près de la mer les cailloux sont bien moins abonclans et
moins formés que dans, l’intérieur du pays. Sur le bord de la
mer ils sont pâles, là croûte est plus épaisse et plus grise, et ne
pâroît pas aussi dure. Le caillou se-coagule dans l’intérieur de
la terre , par le moyen de là chaux , quoique ces deux matières
soient ensuite hjen séparées. C’ est ainsi que le pain , arrête
dans sa fermentation ou saisi par le froid, forme quelquefois
une masse si dure, qu’on a de la peine à croire que c’est toujours
la même pâte du pain ordinaire, qui n a souffert d alteration
que dans la cuisson.
. Un pilote-côtier accompagne le bâtiment jusqu’à la mer. Il a
soin de faire jetter l’ancre pendant le flu x , de' manière que le
vaisseau se trouve souvent près de la terre et dans des. baies ,
profondément enfoncé et couché, de côté dans la vase. Notre
pilote-côtier fut assez imprudent pour engager notre navire
dans une haie , et s’y placer en travers ; quand l’eau baissa , il
se trouva porté seulement sur Pavant et l’ arrière , et à faux
sous le milieu ; il se rompit en deux , et on fut obligé de le
conduire au Havre pour le faire réparer. Ce naufrage arrivé
en terre ferme, m’obligea de faire transporter mes malles
dans un autre navire pour continuer ma route.
Le 22 août j’abordai à Honfleur , petit port de mer assez sûr,
Le reflux laisse à découvert une assez vaste étendue du rivage
de la Seine, Je vis pêcher une grande quantité de crabes
sqaille (2)., avec un filet passé dans deux bâtons , et que des
hommes poussoient devant eux. '
Le vent afloiblit les yeux des matelots et les rend rouges j
(1) Ou plutôt la retraite des eaux. Note du rédacteur.
- (2) Cancer squilla.
G a