
les tordent comme du tabac ficelé ; ils le laissent ensuite fermenter
et le conservent pour en mâcher , sur-tout quand ils
ont soif. Peu de'tems après la fermentation, il procure l’ivresse.
Kon signifie tabac à mâcher.
Les' colons l’appellent racine de Canna : elle ne croît que
dans les lieux les plus arides et les plus secs : les Hottentots
dès'environs en font un article de commerce avantageux. Ils
préparent cette plante , et vont au loin l’échanger contre des
bestiaux et autres marchandises. Car n’ayant pas d’idée même
de la monnpie, tout leur commerce se fait en échange.
Le 3o, nous -visitâmes les bains chauds qui jaillissent à quelques
brasses du pied de la grande chaîne de montagnes. Les
pierres sont imprégnées d’une espèce de mine de fer noir , qui
ressemble à du mâchefer.
Toute la terre des environs est brunâtre. Le pied meme de la
montagne est constitué en grande partie de pierres blanches,
molles. -
L ’eau est très-chaude, mais non pas tout-à-fait bouillante ; de
manière qu’on petit se baigner à la source. On compte trois bains :
le plus grand, situé à l’orient, est alimenté par plusieurs sources;
il a une brasse de largeur, et c’est celui dont On. se sert
le plus communément.
L’autre, à quelques brasses de distance de là première , sur
la gauche, n’a qu’une seule source , dont l’eau est très-chaude
. et presque bouillante,
La dernière et la plus petite est à quelques brasses de la
seconde. La pluie ou la sécheresse ne produit pas le moindre
effet sur ces sources ; il n’y a , - selon les colons, que le tonnerre
qui les fasse augmenter. .
L ’eau est couverte d’une pellicule mince et bleue; les feuilles
du voisinage ont une légère teinte, d’ocre ; l’eau a un goût ferrugineux,
mais peu d’odeür. En été , elle devient blanchâtre et
noircit le china, ce qui prouve qu’ elle renferme des principes
ferrugineux,
ferrugineux. O11 n’emploie pas cette eau à la préparation des ali—
mens ; mais on pourroit y laver le linge sans craindre de le tacher.
Les bords de ces fontaines sont constitués d’une terre fort légère
, brunâtre. Elle renferme des portioncules brillantes de
fer et des cristaux de sel extrêmement fins. Le bois même
s’en ressent.- Plusieurs morceaux que je vis dans l’eau , outre
l’qcre dont nous venons de parler, étoient recouverts d’écailles
fort minces, cassantes , et même un peu brillantes. Les
paysans les prenoient pour d e .l’argent; mais ce n’étoit que
du fer. .
Les malades se baignent dans le courant, en s’y enfonçant
plus ou-moins.-A peine s’y. sonL-ils plongés , que la circulation
augmente, et se précipite : alors ils risquent de s’évanouir.
On ne peut prendre ces bains qu’avant le lever du soleil et
après, son coucher : pendant toute; la journée ils sont d’une
chaleur insupportable.
Je montai sur la cime la plus élevée de la montagne , pour
observer le. pays situé de l’autre côté. A peu de distance règne
une' chaîne de montagnes plus basses que celle où je me trou-
vois perché , et dont elle étoit séparée par un terrain aussi large
que Lange-Kloof, entrecoupé de collines et de vallées ; au-
delà--de cette chaîne de montagnes, s’étendent le s . campagnes
sèches -de Carro, qui sont si vastes , que l’oeil ne peut en mesurer
l’étendue. Les paysans les traversent pour se rendre, de
Camdebo au Cap par.Hex-rivier. On m’assura que du côté
opposé ces stériles plaines sont bornées par des montagnes qui
se prolongent jusqu’à Sneeberg (1). Ce sont les dernières de
cette immense chaîne qui va du pays des Houtniquas et du
défilé d’Artequas jusqu’au nord de Roodesand, aux gorges de