
An. j i i .
X V I I .
S. Ceiàire en
Italie. -
Vita S» C&f* lib*
i , tu 1 9*
17 g H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
ce qui a été une fois décidé contre Eutychès ; ôc à
fouffrir , s’il eft befoin, pour la foi l’exil & toutes fortes
d’extrémitez. Il veut qu’ils fe feparent de la commu
n io n des Eutyquiens ; ôc déclare qu ’il n ’y a aucun
autre moyen de rentre r dans celle du faint fîege ,
que de condamner ceux qu'il a condamnez , c’eft-
à -d i r e , E u ty c h è s , Diofcore , T imo th é e , Pierre ôc
Acace. Comme s’il d ifoit, que laconfeffion de foi
des O r i e n t a u x , toute catholique qu’elle e f t , eft in u tile
fans la condamnation de ces perfonnes. La lettre
eft du h u itième d’Oètobre après le confulat de
F é l ix , c’e f t -à -d i re , l’an 512..
Saint Cefaire d’Arles v in t à Rome quelque tems
après , ayant été obligé de paifer en Italie , par une
nouvelle perfecution. La ville d’Arles obéïfloit au
roi T h e o d o r ic , auprès duquel il fut encore accufé ;
jufques a être pris ¿ ramen é fous bonne garde. Etant
arrivé à R a v e n n e , il en tra dans le palais ôc falua le
r o i : qui v oyan t un h omme fi intrépide ôc fi vén é ra ble,
fe leva, ôta l’o rn eme n t de fa t ê t e , ôc lui rendit fon
falut avec beaucoup d ’honnêteté. Puis il lui d emand
a , s’il étoit fatigué du v o y a g e , ôc l’interrogea fur
l’état de la ville d’Ar le s , 6c des Goths qu’il avoit dedans.
Qu an d faint Cefaire fut forti', le ro i T h e o d o ric
dit aux fiens: Dieu puniffe ceux qui ont fait faire
in u tilemen t un fi long voyage à un fi faint homme.
J ’ai tremblé à fon e n t ré e , il a un vifage d’an g e , 5c
il n’eft pas permis de penfer mal d’un perfonnage fi
venerable.
Il lui envoya à fon logis un balfin d’a r g e n t , du
poids de foixante l iv re s , avec trois cens fous d’o r ,
6c lui fit dire. Le roi yotire fils, vous prie, faint.évêque,
de
L i v r e T r e n t e - U n i e’m ê , 1 7 7
de recevoir ce vafe q u ’il vous d o n n e , ôc de vous en
fervir pour l’amour de lui. Saint Cefaire qui hors les
eucilleres ne fe fervoit point d ’argenc à fa tab le , fit
vendre le baflîn p u b l iq u eme n t , ôc en délivra plufieurs
captifs. On le vinc dire au r o i , ôc que l’on trou-
voit ta n t de pauvres à la porte du faint évêque, q p’o n
ne pouvoit en approcher. Le roi le lo ü a fi h a u te m
e n t , que les fenateurs ôc les grands s’emprefloient
à donner leurs aumô ne s , polir être diftribuées par les
ma in sd eS .C e f a i f e , ôc d i fo ien t .p u b l iq u eme n t , que
D ie u leur avoit fait une g rande g r â c e , de voir cet
h omme apoftolique. Il délivra ainfi tous ceux qui
avoient été pris de-là la Du ren c e , principalement de
la ville d ’Oran ge : ôc leur-donna des voitures ôc de
quoi retourner chez eux.
A Rav enn e mêm e , il y avoit une veuve dont le
fils encore jeune fervoit fous -le prefet du pretoire ,
& la faifoit vivre fur fes gages. IL tomb a malade à
l’extremité ; ôc lame re courut*implorer le fecours du
faint é v ê q u e , qui n e pouvant la refufer, v in t à fou
logis , ôc après s’être profterné en p r ie re , y lailfa le
prê tre Meflïen , alors fon fecretaire, avec ordre de
l’avertir f i - tô t que le jeune h omme reviendroit à lui.
Il rev in t au bout d’une heure t o u v r it les yeux , ôc
dit à fa mere : Allez remercier le ferviteur de Dieu ,
dont les prières m ’o n t rendu la vie. Elle y c o u r u t ,
s expliquant plus par fes larmes que par fes pa role s ,
ôc pria le faint d ’emmene r fon fils avec lui èn Gaule
, pour s’attacher à ion fèrvice. Ce miracle fe ré pan
d i t non feulem.ent dans toute la ville , mais dans
toute la province ;.ôc la réputation de faint Cefaire
3 e tendit jufques à Rome , où il étoit déjà chéri &
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