
3 io H i s t o t r e E c c l e s i a s t i q u e .
monaftere. L’abbé étant choifi , étoit ordonné pat
l'évêque ou par d'autres abbez. Il devoit être inftruit
de la loi de D ieu , charitable, prudent , & diicret ;
montrer en tout l’exemple , & n ctre que 1 exécuteur
de la réglé , pour la faire garder fidèlement ,
h- Qu’il fe fouvienne toujours , dit faint B en o ît, qu’il
eft chargé du gouvernement des ames ; 8c qu’il fe
garde bien de les négliger , pour s’appliquer davantage
aux chofes temporelles : mais qu’il.a it grande
fo i en la providence. Il doit tout faire avec confeil.
c. }j Dans les moindres chofes, il confultera feulement
les anciens : mais dans les plus importantes, il affèm-
blera toute la communauté , propofera le fu je t , 8c
demandera l’avis de chacun : à la charge toutefois,
que ladécifion dépendra de lu i , & que tous lui obéiront.
Au-deifous de l’abbé , il y avoit d’ordinaire
un prieur ou p ré vô t, proepofitus, 8c plufieurs doyens.
En quelques monafteres, le prévôt étoit ordonné par
l’évêque ou par les. ab bez, comme l’abbé même : ee
qui lui donnoit fujet de fe regarder comme un fécond
abbé, & de n’être pas aifez fournis. C ’eft pourquoi
faint Benoît rejette cet ufage , 8c veut que le
monaftere ne foit gouverné fous l’abbé que par des
d o y en s , dont l’autorité étant partagée, fera moindre.
Qge fi l'on juge à propos d’avoir un p ré v ô t , il fera
* l >> établi par l’abbé , 8c lui demeurera fournis, Ces
doyens , decttni, étoipnt établis pour veiller fur dix
moines, au travail 8c à leurs autres exercices, & fou-
lager l’abbé qui ne pouvoit être pàr tout. On les choi-
fiffoit non par l’ antiquité , mais par le mérité :, :8c on
pouvoit les dépofer après trois admonitions. Voilà
les officiers pour le gouvernement du monaftere,
L i v r e T r e n t e - D e u x i e’ m e . 311
i f y en avoit d’autre pour le iervice , comme le
cellerier , l'infirmier, l’hofpitalier, le portier, Lecel-
lerier avoit la garde de toutes les provifions, & de
toutes les uftanciles , 8c diftribuoit à chacun, fuivant
l’ordre de l’ab b é , ce qui lui étoit necefiaire , pour
les befoins delà v i e , ou pour le travail. L ’abbé avoit
un état de tous les meubles 8c les habits du monaftere
, afin que rien ne fe perdît ; 8c la propriété étoit
étroitement défendue, jufques dans les moindres
chofes, un livre ,u n e tablette, un ftilet.
Ceux qui fe prefentoient pour entrer dans le ma-..
naftere, n’étoient reçus qu’après de grandes épreuves.
Premièrement, pendant quatre ou cinq, jours,
on laiiToit le poftulant frapper à la porte , 8c on lui
faifoit des diificultez , jufques à le maltraiter. S’il
p e rfifto it, on le mettoit pour quelques jours dans le
logement des hô te s , puis dans celui des novices ; 8c
on lui donnoit un ancien pour examiner fa vocation
, lui propofant combien le chemin du ciel eft
rude. Au bout de deux mois on lui lifoit la réglé : puis-
fix mois après, & une troifiéme fois au bout de quatre
mois. Après un an de perfeverançe , on le recevoir.
La profeifion fe faifoit dans l’oratoire devant
toute la communauté , 8c il ne promettoit autre
chofe que la fiab ilité , la converfion de fes moeurs,,
& l’obéïffance. Il en faifoit fa cedule écrite de fa
m a in , 8c la mettoit fur l’autel. S’ il avoit quelque
b ien , il le donnoit aux*pauvres, ou au monaftere,
par un a ile folemnel. Alors on le revêtoit de 1 habit
du monaftere. 8c on gardoit le fien pour le lui rendre ,
fi par malheur il fortoit. Les peres pouvoient offrir
leurs enfans en bas â g e , pour être reçus dans le moe.
¡ i .
c. 3 ; -
X IX ,
Réception de
Novices.