
~— •— 7 4 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .'
A n«.494. & il ne nous eft plus permis de ju g e r de celui qui 3;
comparu au jugement de Dieu. Ne croyez pas non-
plus ceux qui diient, qu’il ne s’agit ici que des moeurs
& non de Ta religion ; & que le faint fiege a du reffen-
timent de ce qu’il croit avoir été méprifé par Aca-
ce. Vous voyez qu’il s'agit d’introduire l’herefie avec
le nom des hérétiques ; & le faint fiege a fi peu de
reffentiment, qu’il eft prêt de recevoir à bras ouverts
tous ceux qui l’ont méprifé x s’ils reviennent
fincerement à la communion catholique. La lettre
eft du troifiéme d’A o û t , fous le confinât d'Afterius
& de Prefidius, en 494.
Le pape Gelafe reçut enfuite des lettres des mêmes
ev êqu es : où ils paroiffoienc touchez de cette
objedtion des fch ifm a t iq u e s , qu ’Aca ce n’étoit pas
lég itim em en t con d am n é , ne l’ayan t point été dans
un concile tenu exprès : vu principalement qu’il é-
1 toit l ’eveque de la v ille impériale. Le pape leur répondit
par une grande lettre, où il traite à fond toute
l’affaire d’Aeace. Parcourez, d i t - i l , ce qui s’eit
paffe depuis les apôtres, &c vous verrez que nos pe-
res les évêques catholiques, ayant une fois condamne
en concile chaque herefie, ont voulu q u e c eq u ’ils
avoient décidé demeurât inébranlable : fans permettre
, qu’il fût remis en queftion : prévoyant très-
fagement, qu’autrement il n’y auroit rien de folide
dans les jügemens de l’églife. Car quelque mani-
fefte que foit une vérité , l’erreur ne manque ja mais
d objeélions : étant ioûtenuë par l’opiniâtreté,,
jf iioo.. au défaut de la raifon. Ils ont donc jugé fuffifant,
de condamner l’herefie avec fon auteur, & de déclarer,
que quiconque â l’avenir communiqueroit ài
lia même erreur , feroit compris dans la première
condamnation. Ainfi Sabelliusaété condamné dans
un concile : ainfi les Ariens au concile de Nicée : ainfi
Eunomius, Macedonius, Neftorius. Tout cela bien
confideré, nous nous affurons qu’aucun vrai Chrétien
ne peut ign o re r, que c’eft principalement au
1 premier fiege à exécuter les décrets des conciles, approuvez
par le confentement de l’églife univerfelle;
puifque ce fiege confirme les conciles par fon autorité
, & en conierve l’obfervation, en vertu de fa p r imauté.
Il faut fe fouvenir que c’eft le pape Gelafe
qui parle ainfi.
Le faint fiege , con tin u e -t-il, ayant des preuves
[ certaines qu’Acace s’ étoit écarté de la communion
j catholique, a été long-tems fans le croire ; parce
qu’il avoit fouvent été lui-même l ’exécuteur de fes
jugemens contre les heretiques« On n’a point ceffé
de l’avertir par lettres, pendant près de trois ans. On
lui a envoyé une députation d’évêques, avec des lettres
: pour l’exhorter â ne fe pas feparer de l’unité
catholique, &c à venir ou envoyer pour fe deffendre
contre les accufations graves de Je an évêque d’A lexandrie.
Car encore qu’on ne dût point tenir de
nouveau concile, il n’y avoit point d’évêque , qui
dût éviter le jugement du premier fiege : à qui s’étoit
adreffé l’évêque du fécond fie g e , qui n’avoit
point d’autre juge. Acace au lieu de fatisfaire , a
corrompu les légats pour s’efforcer d’attirer le
faint fiege dans la communion des hetetiques ; &
par fes lettres a déclaré , qu’il communiquoit à Pierre
d’Alexandrie , le louant &c faifant des reproches
contre Je a n : fans ofer venir ni en voyer, pour
K ij
A n . 495.
Svp. liv. xxrx»
n. 58,
Sup.-n. 'ut.