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Modération
du pape Hor-
mifda»
JLpift. 62.0
244 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
nos peçhez les évêques qui ont été emmenez d’ici
entrent à C. P. non feulement ils verront l’empereu
r , mais ils feront rétablis dans leurs fieges. Car
ils ont emporté tant d’argent avec eux , qu’ils peuvent
aveugler non pas les homme s, mais les anges.
S’ils y entrent, ce qu’à Dieu ne pla ife , ils diront en
nôtre abfence tant de fauifetez que le diable en
peut inventer : car s’ils ont tant entrepris ici en nôtre
prefence , que ne feront-ils point en nôtre abfence ?
Afin donc de diffiper leur m a lic e , faites en forte
que s’il eft neceifaire d’en venir à une audience ,
nous y foyons prefens, afin que tout le monde fça-
che que nous avons été affaffinez fans fujet. Car
nous les pouvons convaincre devant le fen a t , d’être
de parfaits heretiques.
Le pape Hormifda ayant appris ces facheufes
nouvelles, par une autre voye que de fes légats, leur
écrivit : J e ne me plains pas tant du peuple : car il
fera au pouvoir de l’empereur , de punir comme il
voudra l’injure faite à fon regne , 8c à un évêque catholique.
Mais ce qui nous regarde 8c à quoi vous
devez travailler ; e’.eft que perfonne ne fe convertilfe
fans connoiffance de caufe, ou ne fe plaigne que le
prince l’oblige a faire profeffion de f o i , fans en être
perfuadé. Donc puifque l’évêque de Theffaionique
n’a pas voulu recevoir vôtre inftruétion : demandez
que l’empereur I’envoye à Rome , pour recevoir celle
du faint fiege;, 8c apprendre de nous la refolution
de fes doutes. Que s’ il ne veut pas s’inftruire, il fait
vo ir avec quel eiprit il refifte à l’ordre de Dieu & à
l’exemple du prince. Il faut auffi que l’empereur
nous, envoyé avec lui le prêtre Ariftide. Cette lettre
eft du treizième d’Oétobre 519. Enfuite le pape A n . 519.
ayant reçu la relation des légats, leur écrivit une y. i j 10 d .
autre lettre du troifiéme Décembre 519. qu il dit
avoit appris que l’empereur a ordonné de faire v e nir
Dorothée à C. P. Si leur recommande de pour- Ey//?.<3.
fuivre fa déposition ;' 8c d’empêcher que l’on ne mette
à fà place le prêtre Ariftide. Dorothée fut mené
par ordre de l’empereur à Héraclée , en attendant
que l’on jugeât l’affaire. Les légats du pape demandèrent
fuivant fes ordres, qu i 1 fût mené à Rome
avec le prêtre A r ift id e , . pour y être inftruit de la
doctrine catholique :mais l’empereur répondit qu’il
n’étoit pas raifonnable de les y envoyer : parce que
leurs accufateurs n’y étant point, il leur ieroit plus
aifé de fe tirer d’affaire. Mais comme on en étoit là .
Dorothée fut tout d’un coup renvoyé d’Heraclée ,
fans que l’on fçût comment. Les légats en donnèrent
avis au pape; & enmêmetems, quela Pâque Suivante
, fur laquelle il étoit en doute , feroit le treiziémei
des calendes de Mai : c’eft-à-dire , le dix-neuviéme
d’A v r il. Enfuite l’empereur obligea Dorothée d’envoyer
à Rome des députez au nom de fon églife , r«n. ¡.um. y.
pour faire fatisfaôfcion au pape. * Dorothée écrivit I55-c'
au pape une lettre pleine de complimens : ou il fou-
t ien t, qu’il a expoié fa v ie pour l’évêque Jean , 8c
qu’on le voit par des informations faites en fon ab- f0.4.y .ijj? .B .
fence. Le pape lui fit connoître par fa réponfe',
qu’il ne fe payoit pas de fes beaux difeours, 8c que
Dorothée ne fe pouvoir juftifier , qu’en revenant
comme les autres à l’unité de l’églife. La lettre eft
du vingt-neuvième d’O&obre 520. Au refte lé pape
renvoya l’examen de cette affaire à l’évêque de
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