
A n. j i
-■ i i s H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e :
*• tiaires qui ga rdoient la porte les laifferent tous paf-
f e r , hormis faint Sabas, qu’ils pr irent pour un man-
diant , le v o y a n t couverc d’un habit craifeux & re-
coufu de plufieurs pièces. L’empereur re çû t huma in
eme n t les autres , car il a imoit les moines , ôc lût
la lettre du patriarche E l i e , qu’ils lui p re fente ren t,
conçûë en ces termes : J e vous envoyé l’élite des bons
ôc fidelesferviteurs de D i e u , des fuperieurs de tout le
d e f e r t , entre autres le feigneur Sabas, la lumière de
toute la Paleftine. L’empereur demanda où il é t o i t ,
ôc les abbez rega rdoient de côté ôc d ’autre , ne fça-
c h an t c omme n t il les avoit quittez. L’emp e reu r o r donna
qu ’on le che rchâ t e x a&eme n t , les officiers
de la chambre firent du b ru it , les iîlentiaires é tant
f o r t i s , le trouvè rent de bout en un coin qui recitoit
des pfeaumes. Ils l’emmene rent au dedans du voile :
l ’empereur crut voir un ange d ev an t lui, Si les fit tous
aifeoir.
Après quelques difcours chacun recommanda les
intérêts de fon mônaftere. L’un demanda les terres
qui l’e n v i ro n n o ie n t , l’autre quelque autre grâce de
l’empereur : il les fatisfit tous , puis il dit à faint Sa-
. bas : C a lo g e r e , c’eft-à d i r e , bon vieillard : p o u r quoi
avez vous entrepris un fi grand voyage , fans
vouloir rien demander. Saint Sabas répondit : Je fuis
ven u p remiè remen t pour baifer les pieds de v ô t re
pieté p e n d a n t que je fuis encore en ce monde : en-
fuite pour vous fupplier au nom de la faintc cité de
Jerufalem ôc de nôtre faint archevêque , de donner
lar paix à nos ég l i fe s , ôc ne point troubler le facer-i
doce : afin que nous puiffions p r ie r t ran quillement
jour Sc n u i t pour v ôtre ferenite. L’empereur fit apporter
L i v r e T r e n t e - T J n i e 'm e : j g ? ——
porter mille fols d ’o r , Si lui dit : Prenez c e la , mon An. j i i .
p e re , ôc p riez pour nous : car j ’ai oüi dire que vous
gouvernez, plufieurs monafteres dans le defert. Saint
Sabas dit : J e veux ici paffer l’h y v e r , & vous rendre
encore mes refpeéts. L’empereur renvoya les autres
abbez enj?aleftine; Ôc ordonna que faint Sabas e n t
râ t au palais, toutes les fois qu’il vo u d ro i t , fans fe
faire annoncer.
Quelques jours après il l’envo ya quérir, ôc lui dit : s*-
;o i .
Votre archevêque s’eft déclaré défenfeur du co nc ile
de Calcédoine, qui a autorifé la doôtrine de N e f torius.
De plus il a perverti Flavien d’A n t io c h e , ôc
4’a attiré a lui : enforte que comme les décrets de
Calcédoine alloient être anathématifez généraleme
n t au concile qui eft ma in te n a n t affemblé à Sid
o n , il l’a feul empêché de concert avec Flavien ,
& croit s’être mocqué de m o i , m ’écrivant en ces •
propres termes : Nous rejettons toute herefie qui
a in tro duit quelque nouveauté contre la foi o r th o doxe,
fans recevoir ce qui a été fait à C a lc édoine , à
caufe des fcandales qui en font arrivez.. Il croit pa r la
nous avoir tromp e z : mais nous voyons b ie n , q u ’il
eft le défenfeur du concile de Calcédoine, ôc de toute
l’herefie de Neftorius ; Ôc nous l’avons v û auparavant
quand il a refufé de confentir à la dépofition
d’Euphemius ôc de Ma c edon iu s , tous deux Nefto-
riens. C ’eft pourquoi nous voulons qu ’il ioit chaifé,
ôc que l’on mette en ce fiege apoftolique un homme
digne ôc or thodoxe ; afin que les lieux fainrs ne foient
pas profanez par les dogmes de Neftorius.
Saint Sabas répondit : Soyez perfuadé, Se igneu r ,
que nôtre archevêque inftruit par nos anciens peres,
Tome V I I. Y