
8 ' H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e :
On remarqua une femme qui portoit un facôCte-
noic un enfanc par la main, 5c lui difoit : Cours mon
petit maîcre ; vois-tu tous ces fain ts , comme ils fe
preifent d’aller recevoir la couronne ? Ceux qui
accompagnoient les confefleurs la reprirent de ce
qu’elle vouloir aller avec tant d’hommes. Elle leur
dit : Priez pour moi 5c pour cet en fan t, qui eft mon
petit-fils. J e fuis fille du défunt évêque de Zurite,
j ’emmene cet enfant,de peurque l’ennemi ne le trouv
e fé al, ôc ne l’entraîne à la mort. Les évêques lui
répondirent, baignez de larmes : La volonté de Dieu
foit faite. Ils marchoient de nuit plus que de jour ,
à caufe de l’ardeur du foleil, 5c logeoient avec grande
incommodité dans des caves qui leur étoient préparées.
Pendant la marche quand les vieillards ou les
jeunes gens les plus foibles n’en pouvoicnt plus, on
les piquoit avec des dards, ou on leur jettoit des pierres
pour les preffer. Enfuite on commanda aux Maures
de lier par les pieds ceux qui ne pouvoient marcher
-, ôc de les traîner comme des bêtes mortes, par
des lieux rudes ôc pierreux , ou d abord leurs habits
furent déchirez , ôc enfuite leurs membres. L un
avoit la tête caffée, l’autre le cote fendu : plufieurs
moururent, que l’on enterra comme Ion put le
long des grands chemins. Les autres arrivèrent dans
le defert où on les men oit, ôc on leur donna pour
nourricure de l’orge corne à des chevaux -, encore
leur ôta-t-on eniuite. Ce lieu etoit plein de fcor-
pions, ôc d’autres bêtes” venimeufes, qui ne firent
toutefois mourir aucun de ces ferviteurs de Dieu.
Le jour de l’Afcenfion 48 3. en prefence de Reginus,
ambaffadeur de l’empereur Z en o n , Huneric envoya
à
à l’évêque Eugene un édit, pourlefaire lire dans le - A n. 483.
glife; ôc il l’envoya aulfi par des couriersdans toute
l ’Afrique. Il parloit ainfi : Huneric roi des Vandales
ôc des A la in s , à tous les évêques Homooufiens.
Il vous a été fouvenc défendu de tenir des affemblées
Í dans le parcage des Vandales , de peur que vous ne
' féduiiîez les ames chrétiennes. On atrouvé queplu-
fieu r sy ont celebré des mefles, au mépris de cette
défenfe, foûtenant qu’ils confervent l’intégrité de la
foi chrétienne. C ’eft pourquoi ne voulant point fouf-
frir de fcandale dans les provinces que Dieu nous a
données , nous avons ordonné du confentement de
nos faints évêques, que vous veniez cous à Carthage
le jour des calendes de Février prochain .-pour difpu-
ter de la foi avec nos évêques, ôc prouver par les écritures
la créance des Homooufiens , que vous foûte-
nez. Donné le-treizième des calendes de Ju in , la fep-
tiéme année du regne d’H u n e ric ; c'e ft-à -d ire , le
vingtième de Mai 48 3. Les évêques qui fe trouvèrent »■ h.
prefens furent étrangement confternez à la leêture
de cet édit: il leur parut être le fignal delaperfecu-
t-ion, particulièrement ces paroles :Nevoulantpoint
fouffrir de fcandale dans nos provinces ; comme s’il
difoit ; Nous n’y voulons point fouffrir de Catholique.
Apres avoir délibéré, ils ne trouvèrent point
d autre remede , que de tenter d’amolirce coeur barbare,
en lui^faifant prefenter une remontrance dref-
fce par l’évêqueEugene.
Elle contenoit en fubftance, que s’agiffant de la
caufe commune, il falloitauifi appeller les évêques
d outre mer. La reponfe du roi fut : Soumettez toute
la terre à ma puiffance, ôc je ferai ce que vous
Teme V I I .