
j-po H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
ou chantoit fes louanges. Il difoit toujours l’office
tête nue , même à ch e v a l, quoiqu’il tombât de la
pluïe ou de la neige. Souvent il fe levoit la nuit pour
chanter dans l’églife cinquante pfeaumes avant que
d’éveiller les autres : & après avoir fouffert un grand
froid , il fe recouchoit afin que perfonne ne s’en ap-
perçut. Souvent aulïi il demeüroit dans l’églife depuis
la troifiéme heure de la n u it , c’eft-à-dire, neuf
heures, jufqu’au jour : tandis que les clercs fe fuc-
cedoient pour chanter les noèturnes' tour à tour.
Après s’être ainfi fatigué , il ne laiffoit pas d’écouter
les plaintes des pauvres &c des affligez , & d’aller même
au-devant.
Sa vie a été écrite par Fortunat, qui y raconte plu-
fieurs miracles , & quelques-uns dont il avoir été témoin.
Il nomme les perfonnes & les lieux, & marque
les circonftances. A Bourges faint Germain étant ve-
nu pour l’ordination de l’évêque Félix en 560. un Ju i f
nommé Sigeric fe convertit à fa prédication : mais fa
femme ne vouloit point recevoir d’inftruètion. Saint
Germain après lùi avoir fait parler y alla lui-même,
& comme elle ne vouloir pas feulement le regarder,
il lui mit la main fur le front. Les affiftans virent for-
tir de fon nez des étincelles & de la fumée 5 de elle
avoua jufques-lâ qu’elle n’avoit pû regarder le faint
en face. Elle demanda à êcre chrétienne avec toute
fa maifon , Se plufieurs Ju ifs fuivirent l’exemple de
cette famille. Vers la même année y<io. il alla à Au-
tun pour l’ordination de-Syagrius, & y guérit Florentin
homme illuftre , . depuis évêque de Mafcon ,
d’un coup qui lui faifoit fortir l’oeil hors de la tête.
Saint Germain fut enterré dans l’oratoire de Saint
L i v r e t r e n t e -q u a t r i e ’ m e .
Symphorien près l’églife de faint Vincent , dans laquelle
il fut transféré depuis, Se qui porte aujourd’hui
fon nom. Le roi Chilpenc fit fon épitaphe en
vers latins. Son fucceffeur dans le iiege de Paris fut
Ragnemode fon difciple , que d’autres nomment
Raymond.
Peu de tems après fon ordination il alla à T o u r s ,
& s’y trouva quand Merouée fils de .Chilperic vint
s’y réfugier. Gontran Bofon capitaine du roi Sige-
bert, qui étoit dans l’églife de faint Martin de Tours,
aïanc appris que Merouée étoit à faint C a la is , lui
envoïa le foudiacre Riculfe , pour lui confeiller de
venir au même afyle. Merouée vint donc à Tours,
Se entra dans l’églife de faint Martin la .tête couverte
, Se vétu d’un habit feculier , quoiqu’il eût été ordonné
prêtre. L ’évêque Grégoire celebroit la meffe ,
Se les portes de l’églife étoient ouvertes. Après la
meile Merouée demanda des eulogies : c’étoit ce qui
reftoit des pairts offerts & non coilfacrez.- L ’évêque
Grégoire le refufa : Mais Merouée commença à dire
tout h au t, qu’il ne devoir pas le fufpendre de la
communion , fans le confentement des autres évêques.
Grégoire confulta Ragnemode évêque de Paris,
qui étoit prefent, Se par fon avis donna les eulogies
à Merouée, craignant d’être caufe de la mort
de plufieurs perfonnes, que ce prince menaçoit, s’il
le rejettoit de fa communion. Grégoire envoïa au
roi un diacre pour l’avertir de la fuite de Merouee ,
avec le mari de fa niece, qui avoir affaire a la cour.
Mais Fredegonde les prenant pour des efpions, les
fit exiler -, Se Chilperic envoïa dire à l’évêque Grégoire
: Chaifez de l’éghfe cet apoftat, autrement je